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Arabie Saoudite. Peine de mort annulée pour un retraité qui avait critiqué le gouvernement

dépêche de presse du 8 août 2024 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Arabie Saoudite
Mohammed al-Ghamdi
Un tribunal saoudien a annulé la condamnation à mort prononcée en juillet 2023 à l'encontre d'un enseignant à la retraite, a annoncé jeudi son frère à l'AFP. Ce dernier avait critiqué le gouvernement sur internet.

Le jugement contre Mohammed al-Ghamdi, rendu par la Cour pénale spécialisée en juillet 2023, avait été perçu comme le signe d'un durcissement de la répression sous le prince héritier Mohammed ben Salmane, le dirigeant de facto du royaume du Golfe.

En septembre 2023, le prince Mohammed avait évoqué ce verdict dans une interview avec «Fox News» , déclarant que le gouvernement avait «honte» de cette affaire et exprimant l'espoir que son issue serait modifiée.

«La cour d'appel a annulé le verdict prononcé contre mon frère Mohammed cette semaine», a déclaré Saeed al-Ghamdi, un érudit islamique et un critique du gouvernement qui vit en exil au Royaume-Uni.

«Il a informé sa famille (en Arabie saoudite) et celle-ci nous a informés. Il n'a pas été condamné à nouveau pour quoi que ce soit. Nous ne savons pas s'il sera rejugé ou non», a-t-il ajouté.

Mohammed al-Ghamdi, un enseignant à la retraite âgé d'une cinquantaine d'années, a été arrêté en juin 2022. Saeed al-Ghamdi a déclaré précédemment que les poursuites engagées contre lui étaient fondées, du moins en partie, sur des messages critiquant le gouvernement et exprimant un soutien à des «prisonniers d'opinion» tels que les religieux emprisonnés Salman al-Awda et Awad al-Qarni.

Suivi par neuf personnes

Le compte de Mohammed al-Ghamdi sur X n'était suivi que par neuf personnes, avait déclaré le Centre du Golfe pour les droits de l'homme lorsque ses ennuis judiciaires ont été révélés l'année dernière.

Il était poursuivi pour conspiration contre les dirigeants saoudiens, atteinte aux institutions de l'État et soutien à l'idéologie terroriste, ont indiqué à l'époque des sources informées de l'affaire.

Dans d'autres affaires similaires, l'appel a abouti à des peines plus sévères, notamment pour deux Saoudiennes qui ont été condamnées à des peines de prison de plusieurs dizaines d'années en 2022.

«Je ne pense pas que la situation des droits de l'homme s'améliore, comme en témoignent les arrestations qui se poursuivent», a déclaré jeudi Saeed al-Ghamdi.
«Mais le cas de Mohammed a pris des dimensions importantes qui ont mis (le prince Mohammed) dans l'embarras».

Human Rights Watch et Saeed al-Ghamdi ont rapporté le mois dernier qu'un autre frère, Asaad al-Ghamdi, âgé de 47 ans, avait été condamné à 20 ans de prison pour avoir publié des messages critiques sur les réseaux sociaux. On ignorait jeudi si les juges allaient également réexaminer la peine d'Asaad al-Ghamdi.

Sous la direction du prince Mohammed, l'Arabie saoudite a mis en œuvre un ambitieux programme de réformes, baptisé «Vision 2030», qui vise à transformer le royaume, autrefois fermé, en une destination mondiale pour le tourisme et les affaires.

Cependant, les autorités continuent de s'attirer les foudres pour le bilan du pays en matière de droits de l'homme et les restrictions à la liberté d'expression en particulier.
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