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Arabie saoudite: deux ONG dénoncent la "frénésie d'exécutions" en 2024

dépêche de presse du 2 janvier 2025 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Arabie Saoudite
Deux organisations de défense des droits humains ont dénoncé jeudi la « frénésie d'exécutions » en Arabie saoudite, où au moins 338 condamnés à mort ont été exécutés en 2024, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Un chiffre « sans précédent », dénoncent dans un communiqué l'organisation britannique Reprieve et l'Organisation saoudienne européenne pour les droits de l'homme (European Saudi Organization for Human Rights – ESOHR), qui font état « d'au moins 345 » exécutions l'an dernier.

« Cette frénésie d'exécutions révèle la réalité de l'Arabie saoudite de Mohammed ben Salmane », le prince héritier et dirigeant de facto de la puissante monarchie du Golfe, réagit Jeed Basyouni, directeur Moyen-Orient de Reprieve. « Les partenaires internationaux et économiques du royaume ne peuvent prétendre ne pas savoir, ils sont eux aussi entachés par le sang des victimes », ajoute-t-il.

Selon Amnesty International, qui comptabilise depuis 1990 les exécutions dans ce pays suivant une application rigoriste de la loi islamique, les bilans les plus élevés jusque-là étaient de 196 exécutions en 2022 et 192 en 1995.

Le royaume est le pays qui a exécuté le plus de prisonniers au monde en 2023 après la Chine et l'Iran, d'après l'ONG, avec 170 exécutions selon le décompte de l'AFP. Parmi les personnes exécutées en 2024, 117 avaient été condamnées pour des affaires de drogue, dont certaines pour simple possession de haschich, d'après le décompte de l'AFP.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé mercredi l'exécution de six Iraniens dans l'est du royaume pour avoir « introduit clandestinement du haschisch », sans en préciser la date.

« Le régime utilise la peine de mort comme une arme, appliquée de manière plus large et pour des crimes de moindre gravité que jamais », a affirmé Taha al-Hajji, le directeur juridique de l'ESOHR. « Tout désaccord public avec le prince héritier est désormais passible de mort et quiconque fume du cannabis risque sa vie », dit-il.

L'application de la peine de mort par Ryad est critiquée par les défenseurs des droits humains qui la considèrent excessive et en décalage avec les efforts affichés par le royaume pour présenter une image moderne et réformiste.

L'Arabie saoudite a procédé à plus de 1.000 exécutions depuis l'arrivée au pouvoir du roi Salmane en 2015, selon un rapport publié début 2023 par Reprieve et l'ESOHR.

Ryad, engagé dans une ambitieuse politique de réformes portée par son prince héritier, cherche à attirer touristes et compétitions sportives, et accueillera le Mondial-2034. « Combien d'exécutions seront jugées excessives avant la Coupe du monde en 2034 ? », s'interroge M. Basyouni. « Au rythme actuel, ce sera plus de 3.000 morts. Une pression internationale est indispensable ».
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