NAIROBI - L'ONG internationale pour la défense des droits de l'homme, Amnesty International, et l'ONG congolaise ASADHO (L'association Africaine de défense des droits de l'homme) ont protesté contre les huit condamnations à mort ordonnées la semaine dernière par la Cour d'ordre militaire (COM) de Likasi, dans la province du Katanga. Les huit condamnés ont été reconnus coupables de tentative de coup d'Etat contre le gouvernement de RDC au début de 2001. Dans un communiqué publié lundi, Amnesty International a déclaré qu'elle "craignait qu'ils [Commandant Wozango Lele Kongbo, Commandant Kesangana Mafu, Lieutenant Gerengbo Ngakola, Adjudant Iluku Isofa, Commandant Kpakasa Ngazali, Commandant Kayekwe Ngoysu, Commandant Jean Ngato, et Yangba Samuluma, un civil] soient bientôt exécutés s'ils ne bénéficient pas d'un pardon présidentiel. Pratiquement tous ceux qui ont été jugés ont été torturés et forcés à se dénoncer ou à dénoncer d'autres co-accusés. On leur a également refusé l'accès à un avocat avant leur procès." Dix-huit autres personnes, accusées de délits similaires, ont été condamnées à des peines allant de 5 à 20 ans de prison.
ASADHO a aussi protesté vendredi contre la condamnation de 11 autres personnes accusées de conspiration contre le président congolais Joseph Kabila; de trahison visant à démoraliser l'armée et la nation; et de provocation de l'armée. "Déplorant les irrégularités qui ont marqué ce procès, ASADHO demande au gouvernement de Kinshasa de commuer la peine de mort en réclusion à perpétuité; de diligenter une enquête pour vérifier toutes les allégations de torture et de morts qui se sont ensuivies, et de traduire en justice tous ceux qui ont participé à ces tortures; de suspendre la COM et de la remplacer par des systèmes judiciaires traditionnels," a indiqué l'ONG dans un communiqué.
Amnesty a souligné qu'en 2000, la COM avait condamné au moins huit autres personnes pour tentative de coup d'Etat à l'issue de "procès injustes et secrets". Les huit accusés avaient été sommairement exécutés le 24 novembre 2000 à Katanga. Selon Amnesty, depuis 1999, et plus récemment en mars 2001, le gouvernement congolais a déclaré aux Nations Unies et à Amnesty
International qu'il abolirait la COM ou qu'il l'empêcherait de juger des civils. Il a aussi annoncé un moratoire pour ne pas appliquer la peine de mort. Cependant, Amnesty International se dit "préoccupée par le fait que les peines de mort sont toujours imposées à la suite de procès injustes. Les autorités congolaises ont déclaré à une délégation d'Amnesty en août 1999 et à la commission de l'ONU sur les droits de l'homme en mars 2001 qu'un moratoire sur les exécutions avait été mis en place. En dépit de ces promesses, un certain nombre de prisonniers ont été exécutés en janvier, février et novembre 2000, et certains craignent en RDC que les exécutions de ceux qui ont été condamnés le 13 septembre soient imminentes."