LAGOS - Le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a indiqué samedi qu'il s'attend à ce que la justice annule la sentence de mort pas lapidation prononcée contre une jeune femme de trente ans pour avoir donné naissance sans être mariée.
Dans son premier commentaire public au sujet de la sentence polémique d'Amina Lawal, confirmée il y a une semaine par un tribunal islamique de plus haute instance dans l'Etat de Katsina (nord), le président n'a pourtant pas indiqué s'il interviendrait contre la sentence.
"J'espère sincèrement qu'on s'en sortira, qu'Amina ne va pas mourir », a déclaré M. Obasanjo aux journalistes dans la résidence présidentielle à Abuja. « Mais si pour une raison quelconque elle est tuée, je pleurerai pour Amina et pour sa famille, je pleurerai pour moi-même et je pleurerai pour le Nigeria ».
Amina Lawal est la première femme condamnée à mort pour adultère dans la petite bourgade de Bakori en mars, en vertu des préceptes du code juridique musulman ou chari'a, après avoir accouchée sans être mariée. Un homme qu'elle a identifié comme le père du bébé a été acquitté faute de preuve.
Un tribunal supérieur de la chari'a de la localité de Funtua a maintenu la sentence la semaine dernière. Les avocats de Mme Lawal feront appel auprès d'une cour de cassation.
Dans le contexte du système judiciaire du Nigeria, l'appel pourrait arriver à la Cour suprême si la sentence n'est pas annulée par une cour d'appel au niveau de l'Etat ou par la cour d'appel fédérale. Même si Mme Lawal ne peut obtenir une annulation par les tribunaux, le président dispose de la prérogative de la grâcier.
M. Obasanjo n'a pas indiqué samedi si oui ou non il franchirait ce pas si l'affaire va aussi loin.
Mme Lawal est la deuxième femme à être condamnée à mort par lapidation depuis qu'une douzaine d'Etats du nord du Nigeria, à prédominance musulmane, ont commencé à introduire le code polémique de la chari'a en l'an 2000.
Safiya Husseini a été condamnée à mort il y a un an dans l'Etat de Sokoto. Mais le verdict a été annulé le 19 mars, le jour-même où Mme Lawal a été condamnée.