Le secrétaire général du Conseil de l'Europe Terry Davis, en visite à Moscou, a suggéré lundi à la Russie de chercher une solution négociée au conflit tchétchène, tout en soulignant que cette question était de la compétence exclusive des autorités russes.
"Bien entendu, il y a un problème politique en Tchétchénie et au bout du compte ce problème sera réglé par des pourparlers, des négociations", a-t-il dit sur la radio Echo de Moscou, tout en soulignant que "cette question ne concerne pas le Conseil de l'Europe et doit être réglée par les autorités russes".
"Je peux comprendre les difficultés du gouvernement russe à trouver des interlocuteurs appropriés pour les négociations", a ajouté M. Davis.
Par ailleurs, il a repoussé la demande de Moscou de cesser le monitoring de la Russie, en rappelant que celle-ci n'avait "pas tenu toutes les promesses qu'elle avait faites en rejoignant le Conseil de l'Europe", et notamment celle de supprimer la peine capitale, qui ne fait l'objet actuellement que d'un moratoire. "C'est pourquoi le monitoring continue", a-t-il dit.
A la veille de l'arrivée de M. Davis en Russie, Moscou a demandé que le Conseil de l'Europe cesse d'exercer une surveillance dans le domaine des droits de l'Homme et a accusé cette organisation de s'attacher à de "vieux stéréotypes" sur la situation en Russie, selon les termes du porte-parole du ministère des Affaires étrangères Alexander Iakovenko.
"La Russie est l'unique membre du Conseil de l'Europe qui n'a pas encore ratifié l'abolition de la peine de mort. Bien sûr, la peine capitale n'y est pas appliquée, il y a un moratoire. Mais dans tous les autres 45 pays du Conseil de l'Europe elle a été légalement abolie, ce qui est une de nos règles", a expliqué M. Davis.
Le Conseil de l'Europe "ne veut pas s'abaisser au niveau des terroristes. Nous respectons les droits de l'Homme, l'un d'entre eux est le droit à la vie. Et, de même que je condamne les terroristes parce qu'ils tuent les gens, j'encourage en même temps la Russie à ne pas violer sa promesse en recourant à la peine de mort pour les terroristes", a-t-il dit.
Arrivé dimanche à Moscou, M. Davis devait rencontrer lundi le président de la Douma (chambre basse du parlement russe) Boris Gryzlov. Il comptait s'entretenir également avec les ministres de la Justice et de l'Intérieur.
Dans une interview publiée lundi par le quotidien Kommersant, il a indiqué que le Conseil de l'Europe avait accédé à une demande du président tchétchène pro-russe Alou Alkhanov en acceptant de lui fournir une assistance d'experts dans la recherche des personnes disparues, dont on estime le nombre, selon lui, à 1600. Une ONG russe a estimé ce nombre entre 3.000 et 5.000 depuis le début de la seconde guerre en 1999.
Dans la même interview, il a souligné que le Conseil de l'Europe condamnait le séparatisme tchétchène au même titre que celui qui se manifeste en Abkhazie et en Ossétie du Sud, territoires géorgiens, et en Transdniestrie, territoire moldave.
Tbilissi reproche à Moscou son soutien de facto aux séparatistes abkhazes et ossètes, qui défient les autorités centrales géorgiennes depuis des conflits armés au début des années 1990.