Quatre-vingt-quatre personnes ont été condamnées jeudi, dont cinq à mort, à Nioro (ouest du Mali) à l'issue du procès de 96 personnes ayant participé à des violences entre deux communautés musulmanes, qui ont fait une dizaine de morts en 2003, a-t-on appris de sources judiciaires.
La Cour d'assises siégeant à Nioro depuis le 21 mars a prononcé jeudi cinq condamnations à mort, dix peines de réclusion à perpétuité, dix autres peines de détention allant de deux à dix ans et 41 autres condamnations avec sursis, a-t-on précisé de mêmes sources. En outre, 18 femmes ont été condamnées à des peines allant de 18 mois à deux ans alors que 12 personnes ont été acquittées, a-t-on ajouté.
Les 96 personnes étaient poursuivies pour assassinats avec préméditation, entrave à la liberté de culte, troubles à l'ordre public, association de malfaiteurs, détention illégale d'armes et profanation de cadavres.
Le procès faisait suite à des violences survenues en août 2003 à Yéréré (ouest) lorsque des musulmans de cette localité, qui travaillaient au dallage de leur mosquée, ont été attaqués à l'arme à feu par d'autres musulmans du village opposés à la construction de cet édifice. Les assaillants qui ont tiré des coups de feu sur leurs coreligionnaires et les ont ensuite poursuivis jusqu'à leurs domiciles, tuant dix d'entre eux, dont l'imam de la mosquée, et en blessant une dizaine d'autres, selon ces sources judiciaires.
Selon plusieurs observateurs, les deux communautés, bien que toutes deux musulmanes, ont des pratiques religieuses différentes. Par exemple, les assaillants procèdent régulièrement à "un sacrifice de bouc noir pour la prospérité du village" et reprochent à leurs homologues d'avoir amené dans la localité "une religion étrangère". Les seconds, adeptes d'un islam rigoriste d'inspiration wahhabite sont opposés à cette pratique qualifiée de syncrétique.