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Inégalités raciales et géographiques face à la peine de mort, selon une enquête de l'AP

dépêche de presse du 8 mai 2005 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Etats-Unis
COLUMBUS, Ohio (AP) -- Les élus de l'Ohio voulaient établir un système plus juste pour les personnes jugées coupables des crimes les plus odieux. Plus de 20 ans après le rétablissement de la peine de mort dans cet Etat américain, l'échec est patent, selon une enquête de l'Associated Press: les origines raciales, les négociations de peine et la localisation du crime jouent un rôle prépondérant dans l'application de la peine capitale.

La peine de mort a été appliquée de manière incohérente depuis son rétablissement en 1981, selon une analyse inédite de l'Associated Press qui a épluché 1.936 actes d'accusation portés devant la Cour Suprême de l'Ohio entre octobre 1981 et 2002.

Trois principaux enseignements peuvent être tirés: les accusés qui risquent la peine capitale pour homicide ont deux fois plus de probabilité de rejoindre le couloir de la mort s'ils ont tué une personne blanche (18% des cas se terminent par la peine de mort) que si leur victime est noire (dans 8,5% des affaires, la peine capitale est prononcée).

Deuxièmement, presque la moitié des affaires où l'accusé risque la peine de mort se terminent par des négociations entre l'accusation et la défense pour réduire la peine encourue. Les négociations concernent notamment 131 cas avec au moins deux victimes et 25 affaires où les criminels avaient tué au moins trois personnes.

Troisièmement, dans le compté de Cuyahoga, bastion démocrate, seulement 8% des personnes risquant la peine capitale subissent finalement une telle peine. Dans le comté d'Hamilton, ce taux grimpe à 43 %.

Paul Pfeifer, de la Cour Suprême d'Ohio, qui avait soutenu le retour de la peine capitale en tant qu'élu en 1981, a reconnu que ses résultats confirment les craintes initiales de discrimination raciale.

«Ceci est très déconcertant et alarmant pour nous tous», a-t-il déclaré.
Le fils de Sandra Craig, Jeffrey, et un de ses amis ont été battus à mort en 1995 pour une affaire de drogues. Les deux victimes étaient noires et leurs meurtriers étaient noirs ou blancs. Sandra Craig se dit très en colère de la négociation offerte aux accusés qui ont finalement échappé à la peine de mort et été condamnés à des peines de prison.

«C'était juste un Noir mort de plus. Ils ont juste fait cela avant de passer à un autre dossier», raconte-t-elle. La race des victimes n'a joué aucun rôle, rétorque Doug Stead, procureur du compté de Franklin.

Dans cet Etat, la propension d'un procureur à négocier influence aussi l'issue des affaires judiciaires. Dans le comté d'Hamilton, où l'on relève le plus de peines de mort prononcées, le procureur Joe Deters a affirmé qu'il n'a jamais accepté aucune négociation depuis qu'il officie à son poste.

L'année dernière, des élus démocrates et républicains de l'Ohio avaient demandé une étude profonde de l'application de la peine de mort dans l'Etat. Mais l'initiative n'a eu aucune conséquence concrète.
(Andrew Welsh-Huggins)
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