La chambre criminelle de la cour d'appel de Bujumbura a condamné à mort quatre haut-gradés de l'armée et de la police jeudi dernier pour le meurtre prémédité de Kassy Manlan, représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) au Burundi.
Ont été condamnés : Émile Manisha, ancien directeur général de police; le Colonel Gérard Ntunzwenayo, ex-directeur adjoint de la Police de l'Air, des Frontières et des Etrangers; Japhet Ndayegamiye, chef des services secrets à la mairie de Bujumbura ; et le capitaine Aloys Bizimana, général de la brigade Kiyange de l'armée à Bujumbura Rural. Ils ont déclaré vouloir faire appel devant la Cour suprême.
Manlan, un Ivoirien, a été tué le 19 novembre 2001. Son cadavre a été retrouvé le lendemain sur la rive du lac Tanganyika. Les motifs de l'assassinat restent toujours inconnus.
La cour a également condamné trois autres individus à une peine d'emprisonnement à perpétuité et deux à vingt ans de prison. Deux agents de sécurité privés en poste aux bureaux de l'OMS à Bujumbura lors de l'assassinat de Kassy ont été condamnés à dix ans de prison et deux gardiens de la maison de Kassy à deux ans.
Les quatre condamnés à mort étaient membres de la commission initiale chargée d'enquêter sur l'assassinat de Manlan. La commission avait accusé la secrétaire de Kassy, Gertrude Nyamoya, et son assistant, Lamine Diara d'être les commanditaire du meurtre de Kassy. La commission avait conclu que les gardes de sécurité privés avaient perpétré le meurtre.
Des révélations faites lors du procès en mai 2003 par un garde de sécurité accusé du meurtre ont mené à l'arrestation des quatre membres de la commission en octobre 2003 et à la libération de Nyamoya et Diara.
Manisha aurait prémédité le meurtre, mais selon l'avocat de Nyamoya, Bernard Mainguin, le meurtre n'a pas été totalement éclairci.
«Nous avons condamné les assassins et leurs complices, mais un élément important manque toujours : le cerveau», a déclaré Mainguin sur les ondes de Radio Burundi mercredi.
Selon lui, le système judiciaire burundais se doit «de trouver la vérité sans aucune crainte, même si le nom de l'ex-président a été cité».
En février, Mainguin a accusé l'ex-chef d'état Pierre Buyoya d'avoir ordonné l'assassinat.