VARSOVIE - A quatre jours du premier tour de la présidentielle, le candidat libéral Donald Tusk a assuré que son rival conservateur risquait de faire de la Pologne un pays radical et imprévisible, notamment vis-à-vis de l'Europe.
S'il reste le mieux placé, Tusk, candidat de la Plate-forme civique, a vu son avantage fondre depuis la victoire surprise de Droit et Justice, la formation de son rival Lech Kaczynski, aux élections législatives du 23 septembre.
Le dernier sondage, effectué par l'institut CBOS, crédite Tusk de 40% des intentions de vote. Kaczynski obtient 35%. Sauf accident, les deux hommes semblent promis à un duel au second tour, le 23 octobre.
"Une domination sans partage de la part d'un parti - Droit et Justice - pourrait se traduire par un manque de visibilité et de modération dans tous les domaines où le président à son mot à dire", a averti Tusk, interrogé mercredi sur l'antenne de la radio publique.
"Un victoire de Lech Kaczynski serait également synonyme d'incertitude quant à la cohérence de la politique étrangère de la Pologne parce que (...) Droit et justice a des tendances plus radicales et fait moins confiance au monde extérieur que la Plate-forme civique", a-t-il insisté.
"QUATRIÈME RÉPUBLIQUE"
Lech Kaczynski, maire de Varsovie, s'est attiré la sympathie de l'extrême droite avec son mot d'ordre de "révolution morale", jouant des craintes et des difficultés liées au passage d'une économie planifiée à une économie de marché et à l'intégration au sein de l'Union européenne.
Il s'est dit favorable mercredi au rétablissement de la peine de mort, pourtant prohibée par l'UE.
"Si le parlement adoptait une loi rétablissant la peine de mort, je la promulguerais", a-t-il déclaré à des journalistes l'accompagnant en déplacement électoral à Wroclaw, dans le sud-ouest de la Pologne.
Droit et Justice s'est en outre attaqué à la Russie et à l'Allemagne, les deux grands voisins de la Pologne. Ses positions sans nuances, notamment sur l'homosexualité, n'ont pas manqué d'inquiéter Bruxelles.
"Je serai le garant de la quatrième République; voilà la différence entre Tusk, qui veut perpétuer le système, et mes projets de changements radicaux", a lancé Kaczynski devant les caméras de TVN24.
L'âpreté de la campagne présidentielle n'empêche pas les deux formations, héritières à droite du syndicat Solidarité, de négocier la formation d'un gouvernement de coalition.
"Nous avons identifié les premiers signes attestant d'une volonté de créer une coalition", s'est félicité mercredi Kazimierz Marcinkiewicz, candidat au poste de Premier ministre issu de Droit et Justice.
"La Pologne a besoin d'une coalition entre la Plate-forme civique et nous, elle en a un besoin urgent", a-t-il souligné.