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Vague d'indignation après la 1.000e exécution aux Etats-Unis

dépêche de presse du 2 décembre 2005 - Reuters
peine de mort / Caroline du nord
Kenneth Lee Boyd
LONDRES - La millième exécution d'un condamné à mort aux Etats-Unis depuis 1976 provoque une vague d'indignation de la part des adversaires de la peine capitale à travers le monde.

"C'est un petit pas pour l'humanité... en arrière", a déclaré le militant américain Clive Stafford Smith.

"La peine de mort nous rend tous beaucoup plus barbares. J'ai vu beaucoup de gens mourir et le monde n'est pas meilleur (après une exécution)", a-t-il à Reuters à Londres.

"C'est un scandale que la peine de mort existe toujours dans un pays civilisé comme les Etats-Unis d'Amérique", a déclaré de son côté Petra Herrmann, présidente de l'organisation allemande Alive e.V.

"Quelqu'un devrait mettre un terme à cette pratique, sinon cette chaîne de violence continuera à jamais. Comment un citoyen peut-il comprendre qu'il est interdit de tuer quand son Etat est autorisé à assassiner ses propres citoyens?"

Au Japon, où la population est favorable à la peine capitale, Akiko Takada, de l'organisation Forum 90, remet en cause l'effet dissuasif des exécutions.

Malgré les exécutions fréquentes aux Etats-Unis, "les crimes ne diminuent pas, ce qui au final montre que la mort de ces personnes n'a eu aucun effet", a-t-il dit à Reuters.

Maina Kiai, président de la Commission des droits de l'homme du Kenya, s'est ému que les victimes de la peine de mort aux Etats-Unis soient "invariablement des gens de couleur et des pauvres".

PAS DE JUSTICE SANS VIE

A Singapour, où un Australien de 25 ans reconnu coupable de trafic de drogue a été exécuté vendredi, Sinapan Samydorai, président du groupe d'experts Think Centre, a déclaré qu'il n'y avait pas de justice sans vie.

"Les Etats-Unis sont censés être les champions des droits de l'homme et de la démocratie mais ils ne reconnaissent pas le droit à la vie", a-t-il déploré.

Kenneth Lee Boyd, reconnu coupable d'un double meurtre commis il y a 17 ans, est devenu vendredi le millième condamné exécuté aux Etats-Unis depuis le rétablissement, en 1976, de la peine de mort après un moratoire de neuf ans.

Ce vétéran de la guerre du Viêtnam âgé de 57 ans est mort à 2h15 (7h15 GMT) dans la prison centrale de Raleigh, en Caroline du Nord.

Trente-huit des 50 Etats américains et le gouvernement fédéral autorisent l'application de la peine de mort. Seuls la Chine, l'Iran et le Viêtnam ont pratiqué plus d'exécutions capitales que les Etats-Unis en 2004, selon Amnesty International.

William F. Schulz, directeur de l'antenne américaine d'Amnesty, estimait cette semaine que "justice et peine de mort n'étaient pas synonymes".

"Il est impossible pour un système si fondamentalement biaisé et plein d'erreurs d'être juste, équitable ou nécessaire."

Jamie Fellner, directrice du programme Etats-Unis de Human Rights Watch, déplorait pour sa part la persistance du principe "oeil pour oeil, dent pour dent", qui ne peut "être la base de la justice au XXIe siècle".

"Les sondages montrent que l'opinion publique comprend cela, puisqu'elle rejette la peine capitale lorsque l'emprisonnement à vie est une option", déclarait-elle dans un communiqué.
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