Tuong Van Nguyen a été exécuté pour avoir importé illégalement 400g d'héroïne.
Malgré les appels de Canberra à la clémence et les manifestations des adversaires de la peine de mort, Singapour a exécuté vendredi un Australien de 25 ans jugé coupable de trafic de drogue.
Tuong Van Nguyen a été pendu dans la prison de Changi juste avant l'aube. Quelques minutes plus tard, à Melbourne, sa ville natale, une cloche a retenti 25 fois pour marquer chacune des années de sa vie. Né dans un camp de réfugiés en Thaïlande, Nguyen était calme et prêt à mourir, ont affirmé ses avocats.
Cette exécution marque l'échec du combat mené ces dernières semaines par ses avocats, sa famille et des militants des droits de l'homme pour qu'il soit épargné. L'affaire a affecté les relations normalement amicales entre les deux pays, qui collaborent étroitement au plan économique et militaire.
Le procureur général d'Australie, Philip Ruddock, a fait fi jeudi du tact diplomatique en qualifiant l'exécution de «barbare». Le Premier ministre australien, John Howard, a quant à lui estimé que son exécution devait servir d'avertissement aux jeunes Australiens qui voyagent en Asie. «J'espère que cela sera un message pour les jeunes Australiens: ne vous compromettez en aucune façon avec la drogue, n'en prenez pas, n'y touchez pas», a déclaré John Howard à la radio australienne. «N'imaginez pas un instant que vous pouvez prendre le risque de transporter de la drogue, où que ce soit en Asie, sans encourir les conséquences les plus graves.»
John Howard a dit éprouver de la compassion à l'égard du jeune homme et s'est dit déçu par la réaction de Singapour à la demande formulée par l'Australie pour que la mère du condamné puisse le serrer dans ses bras avant sa mort. Singapour ne l'a autorisée qu'à lui tenir la main.
Tuong Van Nguyen a été exécuté pour avoir importé illégalement 400g d'héroïne en provenance du Cambodge via l'aéroport de Changi, en 2002. Au total, 420 personnes ont été pendues à Singapour depuis 1991, la plupart pour trafic de drogue, selon un rapport d'Amnesty International paru en 2004. Singapour, qui compte 4,4 millions d'habitants, possède le taux d'exécutions capitales par habitant le plus élevé au monde.