WASHINGTON - L'exécution cette semaine d'un détenu de 77 ans a relancé le débat sur la maladie et le grand âge dans les couloirs de la mort aux États-Unis et son corollaire: la mise à mort de vieillards.
Tête chenue et moustache blanche, John B. Nixon a été exécuté mercredi par injection d'un produit mortel dans le pénitencier de Parcham, Mississippi (sud). Il est ainsi devenu le plus vieux détenu à être exécuté depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976. Il avait passé près de 20 ans dans les couloirs de la mort.
Dans un communiqué, l'organisation Amnesty International a critiqué le gouverneur de l'Etat Haley Barbour pour avoir refusé de commuer sa peine en prison à vie, précisant que Nixon était également le plus vieux prisonnier exécuté aux Etats-Unis depuis plus d'un siècle.
"Nous croyons que la peine capitale est toujours injuste", a indiqué le directeur d'Amnesty-Etats-Unis, William Schultz, "mais le cas de John Nixon est un exemple particulièrement cruel de l'iniquité d'un système défaillant".
Nixon avait été condamné pour l'assassinat en 1985 de Virginia Tucker, commandité par son ex-mari qui avait payé 1.000 dollars à Nixon et trois complices, un meurtre qu'il a toujours nié.
Le plus vieux condamné à mort aux États-Unis, LeRoy Nash, a 89 ans et languit dans un pénitencier d'Arizona (sud-ouest). Aucune date n'a été fixée pour son exécution.
L'an dernier, un condamné à mort de 74 ans souffrant d'un cancer, d'emphysème et de démence, James Hubbard, avait été exécuté dans l'Alabama (sud).
Selon le Los Angeles Times, 5 condamnés à mort en Californie ont plus de 70 ans et des dizaines de détenus dans les couloirs de la mort de cet Etat ont dépassé la soixantaine.
Parmi eux, Clarence Ray Allen, 76 ans, aveugle, cardiaque et en chaise roulante doit être exécuté en janvier pour avoir organisé derrière les barreaux le meurtre de trois personnes. Il serait le plus vieux et le plus infirme condamné à être exécuté depuis le rétablissement de la peine de mort en Californie en 1978.
Pour David Elliot, porte-parole de l'organisation abolitionniste "National Coalition to abolish the death penalty", l'exécution de John Nixon "est très triste mais ne constitue pas véritablement une surprise quand des condamnés à mort peuvent passer plus de 20 ans en prison avant d'épuiser tous leurs recours judiciaires".
"Cela pose deux questions essentielles", dit-il à l'AFP. "Quelle menace peuvent représenter pour la société des hommes qui ont passé plus de 20 ans dans les couloirs de la mort et dont certains sont gravement malades, souffrent de diabète, font des infarctus ou se déplacent en chaise roulante?"
"Et quelle sorte d'effet dissuasif peut avoir une exécution si elle se déroule 20 ans après le crime?".
Selon le quotidien de Jackson (Mississippi), le Clarion-Ledger, les derniers mots de Nixon ont été pour réaffirmer son innocence. "Je n'ai pas assassiné Virginia Tucker. Je sais qui l'a tuée et cela me fait mal de dire qu'il s'agit d'un de mes fils, d'un de ses amis et d'une autre personne de Jackson", a-t-il déclaré.
Près de 3.500 détenus croupissent dans les couloirs de la mort aux États-Unis, selon David Elliott. "Inévitablement, le vieillissement des condamnés dans les couloirs de la mort causera de plus en plus d'exécutions de vieux".
Les États-Unis ont franchi début décembre la barre des mille exécutés depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976 après un moratoire de dix ans.
La peine de mort est légale dans 38 des 50 Etats américains.
Malgré le grand nombre d'exécutions récentes, la peine de mort tend toutefois à reculer. Les statistiques montrent notamment un déclin de 50% du nombre de condamnations à mort et une baisse de 40% du nombre d'exécutions depuis la fin des années 1990.