San Francisco - Clarence Ray Allen aura 76 ans la veille de son exécution. Cet homme, aujourd'hui aveugle, quasiment sourd et se déplaçant en fauteuil roulant, attend dans le couloir de la mort depuis plus de 23 ans. Mais, après le refus du gouverneur Arnold Schwarzenegger de lui accorder sa clémence, il doit devenir mardi le plus vieux condamné à mort de Californie à être exécuté.
Clarence Ray Allen, qui doit être exécuté par injection mardi à 0h01, a été condamné à mort en 1982 pour avoir commandité les assassinats de plusieurs témoins gênants du fond de sa cellule où il purgeait déjà une peine de réclusion criminelle à perpétuité pour meurtre.
Allen avait payé les services d'un tueur à gages pour abattre sept personnes qui avait témoigné contre lui lors de son premier procès. Allen avait fait appel de sa condamnation à perpétuité et espérait ainsi que ces témoins gênants ne pourraient pas revenir à la barre lors de son deuxième procès.
En fait, ce 5 septembre 1980 au soir, les choses ne se sont pas passées comme prévu dans l'épicerie rurale de Fresno, petite ville du centre de la Californie. Le tueur à gages aurait dû notamment abattre le couple de propriétaires, mais les choses ont mal tourné et deux jeunes employés de 17 et 18 ans ont été tués, ainsi que le fils des propriétaires, âgé de 27 ans.
Vendredi, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a refusé d'accorder sa clémence à Allen, qui avait 50 ans au moment des faits. Cette décision devrait faire de lui le deuxième plus vieux condamné à mort à être exécuté aux États-Unis depuis le rétablissement de la peine de mort dans ce pays en 1976, après l'exécution de John Nixon, 77 ans, le mois dernier au Mississippi.
Toutefois, les avocats d'Allen ont introduit un recours devant la Cour suprême des États-Unis en lui demandant de bloquer cette exécution en raison de l'âge et de l'infirmité du condamné à mort. Selon eux, l'exécution d'un homme vieux et faible équivaudrait à une «punition cruelle et inhabituelle», ce qui est interdit par la Constitution américaine.
«Le «spectacle» de M. Allen amené en fauteuil roulant vers la salle d'exécution, incapable de marcher et incapable de voir ceux qui sont venus assister à son exécution viole toutes les normes de la décence et équivaudrait à rien de plus que l'imposition inutile et sans objet d'une douleur et d'une souffrance, ce qui est interdit par le 8e Amendement» de la Constitution américaine, a souligné Annette Carnegie, l'une des avocates du condamné.
Arnold Schwarzenegger a répondu à cet argument en faisant remarquer que le condamné avait 50 ans au moment des crimes. «Sa conduite n'a pas résulté de la jeunesse et de l'inexpérience, mais plutôt des décisions insensibles et calculatrices d'un homme mûr», s'est justifié le gouverneur.
C'est la troisième fois depuis son arrivée à la tête de la Californie il y a deux ans que Schwarzenegger refuse d'accorder sa clémence pour divers motifs. La dernière fois qu'un gouverneur de Californie a accordé sa clémence, c'était en 1967 lorsque Ronald Reagan a épargné la vie d'un malade mental reconnu coupable de meurtre.
Dans le passé, la Cour suprême des États-Unis a jugé qu'il était «cruel et inhabituel» d'exécuter un retardé mental, ceux dont l'incapacité mentale est telle qu'ils ne comprennent pas qu'ils vont être exécutés ou la raison pour laquelle ils vont l'être, ou encore les condamnés qui étaient mineurs au moment de leurs crimes.
Mais la plus haute instance judiciaire des États-Unis n'a jamais bloqué une exécution au motif de l'âge avancé du condamné ou de ses infirmités physiques. Au contraire, en 2004, les juges suprêmes ont autorisé l'exécution en Alabama d'un condamné à mort de 74 ans, James Hubbard, en raison de son âge avancé et de son incapacité mentale.
«M. Allen pense qu'il est trop vieux pour mourir», a déclaré pour sa part Robert Rocha, frère d'une des victimes, Josephine Rocha, abattue à 17 ans par le tueur à gages. «Nous pensons que Josephine était trop jeune pour mourir.»