WASHINGTON - La Cour suprême des Etats-Unis a suspendu mardi l'exécution d'Arthur Rutherford, condamné à mort de Floride, qui a constesté, comme un autre condamné avant lui, la méthode employée dans cet Etat, jugée cruelle et inhumaine, a-t-on appris auprès de la cour et de son avocate.
"La cour a accordé une suspension", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la plus haute juridiction américaine, sans vouloir s'exprimer sur le fond.
Selon Me Linda McDermott, l'avocate d'Arthur Rutherford, 56 ans, l'arrêt de la Cour suprême a été transmis à la prison où il devait être exécuté à 18h00 littéralement "deux minutes" avant son exécution.
Celle-ci, comme le porte-parole de la prison de l'Etat de Floride Robby Cunningham, a précisé que la Cour suprême avait suspendu l'exécution jusqu'à ce qu'elle entende l'affaire Clarence Hill.
Clarence Hill, 47 ans, avait été condamné pour le meurtre d'un policier en 1982 et avançait que la méthode employée en Floride - un cocktail chimique létal - était "cruelle et inhumaine", et donc contraire aux droits garantis par la Constitution. Le 24 janvier, la cour a accepté de suspendre son exécution, puis le lendemain d'examiner l'affaire pour déterminer s'il pouvait invoquer ces droits constitutionnels.
Avant cette suspension, M. Rutherford, condamné à la peine de mort pour avoir tué une femme qu'il a étranglée dans sa baignoire en 1985, avait épuisé toutes les voies de recours.
Son affaire, comme celle de Clarence Hill, avait mobilisé l'opinion publique.
"Nous implorons le gouverneur Jeb Bush (de Floride, ndlr) de revenir sur la décision d'exécuter Clarence Hill et Arthur Dennis Rutherford", avaient écrit neuf prélats de la Conférence catholique de Floride.
Mardi, deux exécutions étaient programmées aux Etats-Unis: celle de M. Rutherford et celle de Jaime Elizalde Jr, 34 ans, au Texas, pour le meurtre de deux hommes à Houston en 1994, après une dispute dans un bar, selon la Coalition nationale pour l'abolition de la peine capitale.
Aucune autre exécution n'est programmée pour l'instant en Floride durant les six mois à venir, selon le Centre d'information sur la peine de mort, une autre ONG opposée à celle-ci qui recense toutes les affaires en cours.
Selon le même centre, depuis le début de l'année, quatre personnes ont été exécutées aux Etats-Unis, toutes par le biais d'une injection létale.