Shafiq Alam
Dacca - Vingt-deux militants islamistes ont été condamnés à mort mardi au Bangladesh pour avoir participé à une vague d'attentats, dans laquelle plus de 400 bombes avaient explosé presque simultanément en août à travers le pays, et à une attaque contre un juge.
Vingt-deux accusés, dont trois étaient absents, ont été condamnés à la pendaison «après avoir été reconnus coupables d'avoir commis des attentats à la bombe le 17 août 2005», a annoncé Amirul Islam, un représentant du tribunal du district de Jhenidah, dans le sud-ouest du pays.
Ces attentats, qui avaient fait trois morts, avaient été revendiqués par un groupe islamiste interdit, le Jamayetul Mujahideen, dont le but est d'imposer la loi coranique. Ils avaient profondément ébranlé une nation qui avait auparavant toujours réfuté avoir des problèmes d'islamisme radical.
Les 21 condamnés, âgés de 21 à 25 ans, sont membres de ce groupe extrémiste, a précisé le représentant du tribunal.
Le 17 août 2005, des bombes de faible puissance avaient explosé presque en même temps dans presque chaque ville du Bangladesh. Des tracts portant la signature du Jamayetul Mujahideen avaient été retrouvés sur les sites des explosions, réclamant l'instauration de la loi islamique.
Mardi, un autre tribunal de la ville de Sylhet, dans le nord-est, a condamné un autre militant du Jamayetul Mujahideen à la peine de mort pour avoir lancé une bombe contre un juge en octobre, a-t-on annoncé de sources officielles.
Le juge en question avait survécu à l'attaque. Mais deux autres juges avaient eux été tués en novembre dans une autre attaque à la bombe qui avait visé le mini-bus les transportant de leur tribunal à la localité de Jhalokati dans le sud du pays.
Les institutions judiciaires et administratives ont été les principales cibles du Jamayetul Mujahideen.
Le gouvernement de coalition de quatre partis, dont deux islamistes, dirigé par le premier ministre Khaleda Zia, minimisait jusqu'alors l'impact des extrémistes dans le pays et réfutait des allégations selon lesquelles ils pouvaient avoir des liens avec le réseau terroriste Al-Qaeda.
Mais ces attentats, suivis par une vague d'attaques à répétition également imputées au Jamayetul Mujahideen, dont plusieurs attentats-suicide, l'ont contraint à reconnaître qu'il lui faudrait du temps pour venir à bout des islamistes.
Vingt-quatre personnes ont trouvé la mort dans ces attentats, outre quatre kamikazes.
Le leader du Jamayetul Mujahideen, Shaikh Abdur Rahman, un vétéran de la guerre en Afghanistan, et le chef d'une organisation soeur également interdite ont été condamnés par contumace la semaine dernière à 40 ans d'emprisonnement pour leur rôle dans la mort des deux juges en novembre.
Le Bangladesh, qui compte 140 millions d'habitants, est le troisième pays musulman du monde par sa population.