Kampala - La Haute Cour de Kampala a acquitté mardi le chef de l'opposition ougandaise, Kizza Besigye, qui était poursuivi pour viol, a constaté un correspondant de l'AFP.
«L'accusation n'a pas réussi à apporter la preuve (de la culpabilité). J'acquitte donc l'accusé», a déclaré le juge John Bosco Katutsi.
«Les preuves apportées devant la cour sont inadéquates, et aucune cour ni aucun juge sain d'esprit ne peut condamner une personne avec de telles preuves», a-t-il ajouté.
En février, les juges assesseurs de la Haute Cour de Kampala avaient recommandé l'acquittement de M. Besigye. S'il avait été reconnu coupable, il aurait encouru la peine de mort.
Selon le juge Katutsi, la plaignante, Joanita Kyakuwa, âgée de 20 ans au moment des faits, a menti à la cour.
«Si la plaignante a dissimulé le délit pendant une (certaine) période, avant de pouvoir le révéler après une longue période, cela signifie que son témoignage est faux. Le témoignage de la plaignante était plein de contradictions», a encore estimé M. Katutsi en lisant le jugement.
Mme Kyakuwa a affirmé devant la Cour que le dirigeant du Forum pour le changement démocratique (FDC) l'avait violée en novembre 1997 à son domicile situé dans la banlieue de Kampala.
M. Besigye était le principal adversaire du président Yoweri Museveni à l'élection présidentielle du 23 février dernier, qui a été remportée par le chef de l'État sortant.
«Je pense que cette inculpation (de viol) était destinée à compromettre ma capacité à faire campagne», a déclaré M. Besigye mardi.
«On a sans cesse répété à mes électeurs que j'étais un présumé violeur, avec en ligne de mire la possibilité que je sois condamné à la peine capitale», a-t-il ajouté à la presse à la sortie du tribunal.
Tout au long de la campagne électorale, M. Besigye a été aux prises avec la justice après avoir été inculpé dans plusieurs affaires. Outre l'accusation de viol, il est également jugé pour trahison et inculpé de terrorisme et de détention illégale d'armes.
Les procès de M. Besigye ont suscité de graves inquiétudes sur l'engagement démocratique de M. Museveni, et les donateurs internationaux ont suspendu avant les élections de février des dizaines de millions de dollars d'aide directe au gouvernement ougandais.
M. Besigye, déjà candidat malheureux contre M. Museveni en 2001, a vécu en exil jusqu'à son retour en octobre 2005. À peine rentré au pays, il a été inculpé, puis emprisonné, avant d'être libéré le 2 janvier.
Il devait déposer mardi un recours devant la justice pour «contester les résultats» des élections présidentielle et parlementaires du 23 février. M. Museveni a été réélu avec près de 60 % des suffrages, contre 37 % pour M. Besigye.