LAGOS (AP) - Le gouvernement nigérian est "totalement opposé" à la décision d'un tribunal islamique qui a condamné une mère célibataire à la mort par lapidation et il soutiendra l'appel de la jeune femme, a annoncé jeudi le ministre nigérian de la Justice Kanu Agabi.
Les avocats du gouvernement viendront assister les défenseurs d'Amina Lawal, qui comptent déposer un nouveau recours, a-t-il précisé.
Un tribunal islamique de la ville de Funtua dans le nord du Nigeria, dans l'Etat de Katsina, un de ceux ayant adopté la charia (loi islamique), a rejeté lundi l'appel d'Amina Lawal, 30 ans, condamnée en mars dernier à mort par lapidation pour avoir eu un enfant hors mariage, plus de neuf mois après son divorce, ce qui est considéré comme "zina", adultère, en vertu de la charia.
Cette décision a provoqué un tollé international, l'Union européenne, le Conseil de l'Europe, plusieurs gouvernements et organisations de défense des droits de l'Homme demandant au gouvernement du président Olusegun Obasanjo d'intervenir en faveur de la jeune femme.
"Le gouvernement de ce pays est aussi opposé à cette peine que les autres pays", a déclaré le ministre de la Justice. "Nous y sommes totalement opposés".
Le Nigeria est profondément divisé sur l'application de la charia. La décision d'une dizaine d'Etats nigérians dans le nord du pays à majorité musulmane d'adopter la loi islamique en 1999 a provoqué de violents affrontements avec la minorité chrétienne de la région qui ont fait des centaines de morts.
Mme Lawal est la deuxième Nigériane condamnée à mort pour avoir eu des relations sexuelles en dehors du mariage. La première, Safiya Hussaini, avait vu sa peine annulée en mars dernier lors de son premier appel, son cas ayant déclenché une vaste mobilisation internationale.