JAKARTA - Les autorités indonésiennes ont repoussé d'au moins six jours l'exécution, prévue dans la nuit de vendredi à samedi, de trois catholiques condamnés à mort en 2001 pour incitation à la violence contre des musulmans, a annoncé le chef de la police nationale.
Avant cette annonce, il était prévu que les trois catholiques indonésiens, Fabianus Tibo, Dominggus da Silva et Marianus Riwu, seraient exécutés par balles à OOh15 samedi (16h15 GMT vendredi) à Palu, capitale de la province de Sulawesi centrale (Célèbes), dans l'est de l'Indonésie.
"J'ai reçu des rapports du chef de la police de Sulawesi centrale et l'annonce d'un accord entre l'administration de la police et des responsables locaux, selon lesquels (l'exécution) est désormais prévue après le 17 août", a déclaré le chef de la police, Sutanto (ndlr: un seul nom).
"Par conséquent, (l'exécution) est annulée pour ce soir", a-t-il dit.
Le 17 août est la fête nationale de l'indépendance de l'Indonésie. Des remises de peines sont généralement accordées à cette occasion.
"En vue du 17 août, il y aura des activités préparatoires. Par conséquent, (les exécutions) auront lieu après", a expliqué le chef de la police. "Nous attendrons les rapports du chef de la police (locale) mais vraisemblablement, elles auront lieu trois jours après le 17 août", a-t-il précisé.
L'annonce du report de l'exécution a été faite après un appel du pape Benoît XVI demandant au président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono "un geste de clémence" en faveur des trois condamnés.
En 2000 et 2001, des affrontements entre chrétiens et musulmans dans la province de Sulawesi centrale ont fait plus de mille morts.
Les trois catholiques ont été jugés coupables d'avoir incité à la violence et ont épuisé leurs possibilités d'appel. Des observateurs dont Amnesty International affirment que leur procès n'a pas été équitable.
"Amnesty International se félicite du report de l'exécution (des trois hommes) et appelle le gouvernement indonésien à transformer immédiatement cet acte de clémence en commutation de leurs condamnations à mort", a déclaré l'organisation dans un e-mail reçu par l'AFP.
Cette affaire est sensible dans ce pays à majorité musulmane, où trois militants islamistes indonésiens sont également condamnés à mort pour leur rôle dans les attentats de Bali en 2002, qui ont fait 202 morts. Ils doivent être exécutés le 22 août s'ils n'obtiennent pas une révision de leur procès.
Près de 90% des 220 millions d'Indonésiens sont musulmans, mais dans certaines régions de l'est du pays, comme à Sulawesi et à Maluku, les chrétiens constituent à peu près la moitié de la population.