TEHERAN (AFP) - Environ 10.000 Téhéranais ont assisté dimanche à l'aube à l'exécution de cinq malfaiteurs convaincus de viols et de racket et pendus en place publique pour l'exemple.
Agés de 25 ans environ, les cinq hommes ont agonisé, plusieurs minutes pour certains, au bout de la corde qui les a hissés lentement à l'arrière de camions grues.
Quelque 5.000 personnes, parmi lesquelles des proches des condamnés mais aussi de leurs victimes, ont suivi au petit matin le macabre cérémonial sur les places Lavizan, dans l'est de la capitale pour trois d'entre eux, et Azadi, dans l'ouest pour les deux autres.
Les condamnés avaient vu leur peine confirmée mardi par la cour d'appel de Téhéran. Selon des sources judiciaires, la bande des "vautours noirs" à laquelle ils appartenaient trompaient la confiance de jeunes filles qu'ils emmenaient dans des parcs pour les ligoter, les dévaliser et les violenter sexuellement.
Les condamnés ont ainsi abusé d'au moins une dizaine de jeunes filles, mais le nombre de leurs victimes est sans doute beaucoup plus élevé, étant donné la répugnance de femmes à dévoiler, en déposant plainte, une flétrissure qu'elles porteront à vie, selon les mêmes sources.
"Nous avions l'intention de les pendre en prison", comme cela se pratique le plus souvent, a indiqué un juge place Lavizan, "mais nous avons été submergés par les appels de femmes nous demandant de les pendre en public". De nombreuses femmes, jeunes ou moins jeunes, accompagnées parfois de leurs enfants, se sont ainsi trouvées dans la foule grossissant pour l'exécution avant le lever du jour, comme le veut la loi islamique.
Sur le parking de la gare routière à l'écart d'Azadi ("Liberté"), lieu des grandes manifestations téhéranaises, un marchand ambulant circulait dans les rangs serrés pour proposer ses biscuits aux spectateurs qui jouaient des coudes ou grimpaient aux poteaux électriques pour être aux premières loges.
Un cordon épais de policiers anti-émeute et quelques coups de matraque dissuadaient d'approcher trop près pour voir l'exécutant des basses oeuvres passer dans le noeud coulant la tête de condamnés étonnamment calmes.
A Lavizan, les autorités ont laissé la presse s'entretenir longuement avec les condamnés avant leurs ablutions et leurs derniers pas vers la mort. Deux d'entre eux ont protesté une ultime fois de leur innocence, le troisième a demandé pardon.
A 06H00 locales place Azadi, quand les corps se sont élevés dans les premiers rougeoiements du soleil, le silence s'est abattu sur la foule d'abord fébrile, à présent fascinée.
Le meurtre, le vol à main armée, le viol, l'apostasie et le trafic de drogue, à partir de cinq kilos d'opium, sont passibles de la peine capitale en Iran.