Le Sénat pakistanais a adopté jeudi un texte amendant la très controversée loi sur le viol, basée sur la loi islamique, malgré les vives protestations de parlementaires musulmans radicaux.
La nouvelle loi, qui exclut notamment à la peine de mort et les coups de fouet pour les personnes condamnées pour relations sexuelles hors mariage, doit maintenant être présentée au président Pervez Musharraf, qui devrait la promulguer. Le président est l'un des plus fervents partisans d'un changement de la loi, afin d'adoucir l'image radicale que renvoie le Pakistan et d'apaiser les critiques des modérés et des groupes de défense des droits de l'Homme.
Selon ses détracteurs, l'ordonnance Hudood de 1979, ou la loi sur le viol, punissait les victimes du viol plutôt que de les protéger en les rendant passibles de la peine de mort pour relations sexuelles hors mariage, tout en assurant la défense des auteurs du crime.
Le vote des amendements au Sénat est intervenu lors d'une séance jeudi soir, selon le ministre de l'Information Mohammed Ali Durrani. Les amendements avaient été adoptés à la chambre basse du Parlement il y a une semaine.
Les conservateurs et l'opposition parlementaire se sont mobilisés contre un changement de la loi, qui date du temps de l'ancien dictateur Zia Ul-Haq et de sa politique de réislamisation du Pakistan.
Avant le vote de jeudi, le sénateur Khurshid Ahmed, chef de la coalition religieuse de l'opposition, avait protesté contre cette "tentative de promouvoir une culture étrangère et la laïcité au Pakistan".
La nouvelle loi exclut notamment la peine de mort et les coups de fouet pour les personnes condamnées pour relations sexuelles hors mariage. Les juges pourront également désormais choisir s'ils veulent juger les affaires de viol devant une cour criminelle plutôt qu'islamique: devant ces dernières, en vertu de la charia, les femmes doivent présenter quatre témoins masculins pour pouvoir espérer obtenir la condamnation de leur violeur. Ce qui n'arrive quasiment jamais.
En vertu des modifications adoptées, les relations sexuelles consenties hors mariage ne seront plus punies que de cinq ans de prison ou l'équivalent de 129 euros d'amende, au lieu de la peine capitale ou du fouet.
En outre, la police ne pourra plus incarcérer les personnes soupçonnées de relations sexuelles hors mariage: il faudra désormais que quelqu'un porte ces accusations devant un tribunal.