[ats] - La justice libyenne a condamné à la peine de mort les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien accusés d'avoir délibérement inoculé le virus du sida à des enfants libyens. La défense va faire appel de cette sentence.
Ce verdict était très attendu au sein de la communauté internationale, notamment l'Union européenne qui réclamait la libération des accusés qu'elle considère innocents. Les accusés avaient été condamnés à mort en mai 2004 mais la Cour suprême libyenne avait ordonné un nouveau procès qui a débuté en mai 2006.
Le commissaire européen à la Justice Franco Frattini a appelé la Libye à revenir sur la condamnation à mort, estimant qu'elle représenterait "un obstacle à la coopération avec l'UE". La Bulgarie a de son côté enjoint la Libye de "ne pas exécuter" les six condamnés.
Dans la salle du tribunal à Tripoli, les accusés ont éclaté en sanglots à l'énoncé du verdict. A l'extérieur, les familles d'enfants parmi les 400 atteints du sida, dont une cinquantaine sont morts, ont accueilli le verdict en dansant et chantant.
Brandissant des portraits d'enfants malades ou morts du sida, plusieurs parents s'étaient rassemblés dès le matin devant la salle du tribunal. "Pourquoi moi?", pouvait-on lire sous le portrait d'un des enfants. "Je ne suis pas à vendre" ou "Vais-je pouvoir vivre longtemps", lisait-on sous d'autres portraits.
La défense avait demandé à inclure dans le dossier le fait que les accusés avaient subi des tortures, et un rapport d'experts selon lequel ce sont les mauvaises conditions d'hygiène qui ont été la cause de l'épidémie de sida dans l'hôpital de Benghazi.
La communauté scientifique s'est également mobilisée pour conclure que l'apparition du virus remontait à 1997, avant l'arrivée en Libye des six soignants étrangers, et avait été causée par de mauvaises conditions d'hygiène.
En décembre 2005, la Bulgarie, en partenariat avec l'Union européenne, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, a constitué un fonds international pour aider la Libye à combattre le sida, assurer la mise aux normes de l'hôpital de Benghazi et dédommager les victimes ou leurs familles.