Yousri Mohammed
Agence France-Presse
Ismailiya, Egypte - Trois Egyptiens ont été condamnés à mort jeudi par une cour spéciale à Ismaïliya (nord) pour leur participation à une série d'attentats ayant fait 34 morts en 2004, à Taba, dans le Sinaï, selon un journaliste de l'AFP présent au tribunal.
Un juge de la Haute cour de sûreté de l'État a annoncé ce verdict à l'encontre de Younès Mohammed Mahmoud Erian Garir, Oussama Mohammed Abdel Ghani Nakhlawi et Mohammed Gaez Sobah Hussein Abdallah.
La date des exécutions n'a pas été fixée.
Au moins 34 personnes avaient péri dans un triple attentat le 7 octobre 2004 dans la station balnéaire de Taba, et des localités voisines de cette région limitrophe d'Israël sur la Mer rouge.
Cette attaque terroriste a été la première d'une série d'attentats perpétrés dans le Sinaï : à Charm el-Cheikh le 23 juillet 2005 (quelque 70 morts) et à Dahab, le 24 avril (20 personnes).
Des peines allant de cinq ans d'emprisonnement à la prison à vie ont été infligées aux dix autres accusés.
Après l'énoncé des sentences, tous les condamnés ont scandé «Allah est grand». Alors qu'ils étaient conduits hors de la salle, ils ont rejeté la responsabilité des attaques sur les États-Unis et Israël.
Les juges ont imputé à un groupe islamiste, Al-Tawhid wal Jihad, toutes les attaques du Sinaï, estimant que ses membres avaient des liens avec des islamistes palestiniens de la bande de Gaza.
Les avocats de la défense et des organisations des droits de l'Homme ont dénoncé le procès et le verdict comme étant «injustes».
En septembre, les dossiers concernant Garir, Nakhlawi et Abdallah ont été soumis au grand mufti, autorité religieuse qui doit approuver toutes les sentences de mort à l'exception de celles prononcées par des tribunaux militaires.
Douze des personnes condamnées jeudi doivent encore être jugées pour leur implication présumée dans les attentats de Charm el-Cheikh.
Le verdict est «navrant» en raison de l'absence de preuves, a affirmé le directeur de l'Initiative égyptienne pour les droits de la personne, Hossam Bahgat, qui mène campagne pour l'abolition de la peine de mort en Egypte.
«Ces personnes n'ont jamais eu droit à un procés équitable», a déclaré M. Bahgat. «Tous les accusés ont présenté des allégations crédibles indiquant avoir été torturés et il leur a été refusé d'avoir accès à un avocat durant l'interrogatoire», a-t-il affirmé à l'AFP.
L'analyste Diaa Rachwane du Centre d'études stratégiques d'Al Ahram estime que les accusés «n'ont joué qu'un rôle de second plan dans les attaques». Selon lui, les principaux membres d'Al Tawhid wal Jihad ont été tués lors d'accrochages avec les services de sécurité au début de l'enquête.
Il n'existe aucun chiffre fiable sur les exécutions en Egypte mais selon les derniers chiffres du gouvernement, entre 25 et 50 personnes ont été exécutées chaque année entre 1999 et 2003.