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Congrès pour l'abolition de la peine de mort dans le monde

dépêche de presse du 31 janvier 2007 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / France
Thème :
PARIS (AP) - Obtenir l'abolition universelle de la peine capitale: c'est l'objectif du troisième Congrès mondial contre la peine de mort qui s'ouvre jeudi à Paris. Le châtiment suprême est en recul sur la planète, mais la situation reste préoccupante en Chine et dans le reste de l'Asie, dans le monde arabe et aux États-Unis.

La conférence, organisée par l'organisation Ensemble contre la peine de mort (ECPM) avec le soutien de la Coalition mondiale contre la peine de mort, réunira jusqu'à samedi 125 intervenants : experts, défenseurs des droits de l'Homme mais aussi anciens condamnés à mort. La fin du congrès sera marquée par une manifestation samedi à Paris.

Alors que l'abolition progresse dans le monde et que circulent encore sur Internet les images de l'exécution de Saddam Hussein en Irak, l'objectif est de renforcer la pression de la communauté internationale sur les pays qui exécutent encore. La réunion se penchera ainsi sur les conditions qui pourraient permettre de peser sur les Jeux olympiques de Pékin en 2008 pour faire reculer la peine capitale en Chine.

Selon Amnesty International, depuis 1990, plus de 40 États ont aboli la peine de mort pour tous les crimes. Au total, 128 pays ou territoires l'ont abolie de droit ou de fait, mais 69 la maintiennent et l'appliquent encore. Les Nations unies et l'Union européenne, qui demande un moratoire sur les exécutions, font campagne pour l'abolition.

En 2005, ajoute Amnesty International, au moins 2148 prisonniers ont été mis à mort dans 22 pays, dont 94 % dans quatre pays : Chine (1770 personnes exécutées), Iran (94), Arabie saoudite (86) et États-Unis (60). Pour les trois premiers pays, l'organisation de défense des droits de l'Homme précise que ces chiffres sont vraisemblablement en deçà de la réalité, notamment pour la Chine.

L'Europe fait figure de bon élève. Le continent est aujourd'hui débarrassé de la peine de mort en droit ou en fait, à l'exception du Belarus. La France, qui s'apprête à inscrire l'interdiction de la peine de mort dans sa Constitution, est devenue en 1981 le 36e État au monde à l'abolir. Elle était alors le seul pays d'Europe de l'Ouest à conserver un tel châtiment dans son droit pénal. Le garde des Sceaux de l'époque, Robert Badinter, participera à la conférence de Paris.

La peine capitale reste en vigueur dans une vingtaine de pays en Afrique et une trentaine en Asie, dont la plupart des États du Moyen-Orient et la Chine, championne mondiale des exécutions. Aux Amériques, une dizaine de pays l'appliquent encore, dont Cuba et surtout les États-Unis.

Selon Washington, la justice américaine a condamné à mort 128 personnes en 2005, un chiffre en recul constant depuis 1999. En 2006, les États-Unis ont exécuté 53 détenus, selon le Centre d'information sur la peine de mort, basé à Washington.

De son côté, ECPM signale une situation préoccupante dans la zone Afrique du Nord - Moyen-Orient. «Aucun des 22 pays de la région n'a aboli la peine de mort, souligne l'ONG dans un communiqué. Le Maroc, la Tunisie, l'Algérie notamment, n'exécutent plus depuis plus de dix ans, mais condamnent toujours à la peine capitale. D'autres, comme l'Arabie saoudite et l'Iran, pendent ou lapident chacun plus d'une centaine de condamnés chaque année.» Trois hommes ont ainsi été décapités en Arabie saoudite mercredi.

«Le droit international général n'exige pas expressément l'abolition» de la peine capitale, souligne un récent rapport parlementaire français. Mais l'abolition n'en reste pas moins un «but ultime» en matière de droits de l'Homme. «Depuis plus de vingt-cinq ans», poursuit ce rapport, «les traités, protocoles et déclarations se multiplient pour dessiner un chemin vers l'abolition universelle de la peine de mort». En 1863, le Venezuela fut le premier pays au monde à abolir, pour tous les crimes, ce châtiment.
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