ROME (AFP) - 27 avril 2007 - La peine capitale a reculé dans le monde en 2006 mais six pays dont la Chine, le Pakistan, l'Irak et l'Iran sont restés à l'écart de cette tendance en concentrant 91 % des exécutions par l'Etat, indique le rapport d'Amnesty International publié vendredi à Rome.
Globalement, le nombre d'exécutions a baissé l'année dernière pour revenir à 1.591 contre 2.148 en 2005, s'est félicitée la secrétaire générale de l'organisation de défense des droits de l'homme Irene Khan lors d'une conférence de presse. En Afrique (y compris en Afrique du nord), six pays ont procédé à des exécutions en 2006, en Europe, seul le Bélarus a encore recours à la peine de mort et en Amérique, la peine capitale demeure en vigueur seulement aux Etats-Unis.
L'Asie et le Moyen-Orient, en revanche, sont "restés à l'écart" de ce mouvement, selon Amnesty.
"Les exécutions sont encore entourées de secret et nous craignons que les chiffres réels ne soient beaucoup plus élevés", a toutefois averti Mme Khan.
Ainsi, la Chine, qui arrive en tête des exécutions dans le monde (estimées par Amnesty à 1.010 en 2006), ne publie pas de statistiques officielles. Selon l'ONG, le "chiffre réel" pourrait se situer autour de 7.000 ou 8.000.
Irene Khan a exprimé l'espoir que les prochains Jeux Olympiques en 2008 "augmentent l'attention internationale" sur le recours à la peine de mort dans ce pays, relevant que le bilan de Pékin en matière de droits de l'homme était "à l'opposé" de l'esprit des Jeux.
Avec la Chine, cinq autres pays sont considérés par Amnesty comme appartenant à un noyau "dur" en concentrant 91% du total des exécutions: l'Iran (au moins 177), le Pakistan (au moins 82), l'Irak et le Soudan (au moins 65 chacun) et les Etats-Unis (53 dans 12 Etats).
L'Irak, nouveau venu sur cette liste noire, a réintroduit la peine de mort à la mi-2004.
Depuis, il a condamné plus de 270 personnes à la pendaison et en a effectivement exécuté plus de 100, a regretté Mme Khan, comparant l'exécution de l'ex-président Saddam Hussein en décembre à "une forme de vengeance".
Le retour de la peine de mort en Irak constitue "une forme extrême d'injustice" car le système judiciaire de ce pays est "incapable de garantir un procès équitable", a-t-elle estimé.
En Iran, les exécutions ont presque doublé en 2006 (au moins 177) et ce pays est, avec le Pakistan, le seul a avoir exécuté des mineurs en 2006 (quatre et un respectivement), souligne le rapport.
Aux Etats-Unis, 53 condamnés ont été exécutés l'année dernière, chiffre le plus faible depuis dix ans.
Quelque 3.250 hommes et 50 femmes se trouvaient dans "le couloir de la mort" dans ce pays fin 2006.
Le nombre total de personnes en attente d'une exécution dans le monde se situait entre 19.000 et 24.000 fin 2006, selon Amnesty.
"La majorité de ces personnes ne seront jamais exécutées", souligne le rapport, ajoutant qu'"une vie entière passée dans le couloir de la mort illustre la cruauté particulière de ce châtiment".
Amnesty cite notamment le cas du Japon, qui a procédé vendredi à l'exécution de trois personnes, et où plusieurs condamnés sont aujourd'hui âgés de 75 à 81 ans. Plus de 7.000 hommes et femmes attendent d'être exécutés au Pakistan.
Mme Khan a exprimé l'espoir que l'Italie, où Amnesty a choisi cette année de présenter son rapport, "prenne la tête d'une coalition globale" contre la peine de mort après que ce pays a engagé des efforts pour faire adopter par l'Assemblée générale de l'ONU un moratoire universel sur la peine capitale.
La peine de mort est à ce jour, abolie en droit ou en pratique dans 128 pays.