KINSHASA - Deux militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été condamnés à mort vendredi à Kinshasa par un tribunal militaire pour l'assassinat en novembre 2005 d'un journaliste congolais et de son épouse, a constaté l'AFP.
Franck Kangundu (alias Franck Ngyke, de son nom de plume), journaliste au quotidien La Référence Plus, et sa femme Hélène Paka avaient été abattus le 3 novembre 2005 par des hommes armés cagoulés devant leur domicile de Limete, un quartier populaire de l'est de Kinshasa.
Cinq personnes dont trois militaires et deux civils étaient poursuivies depuis le 12 juillet 2006 pour "assassinat", "tentative d'assassinat", "association de malfaiteurs", "extorsion", "vol d'armes" et "recel" des téléphones des victimes, seuls objets dérobés lors du crime.
La peine capitale, bien que prononcée encore régulièrement, n'a plus été appliquée depuis 2003 en RDC.
L'Etat congolais, jugé civilement responsable, a été condamné solidairement avec les accusés au paiement de plus de 2,9 millions de dollars au titre des dommages et intérêts aux familles des victimes ainsi qu'à l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC), constituée partie civile.
Le sous-lieutenant Joël Muganda et l'adjudant Papy Munongo ont été condamnés à la peine capitale notamment pour "assassinat", "vol d'armes" et "extorsion des biens" du journaliste et de son épouse, selon le jugement prononcé par le capitaine Gaby Lokombi, président du tribunal militaire de Kinshasa-Matete.
Un troisième militaire, le sous-lieutenant Didier Awatimbine, a été quant à lui condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour "assassinat et extorsion". Le tribunal a retenu des circonstances atténuantes en sa faveur notamment "compte tenu de sa qualité de délinquant primaire".
Un des deux civils, Serge Obeze Kabungu, a été condamné par défaut à cinq ans de prison pour "recel" des biens du couple Kangundu.
Le tribunal a acquitté le neveu du sous-lieutenant Muganda "faute de preuves".
Le tribunal a accordé cinq jours aux condamnés pour faire appel.
Lors du procès, les avocats des parties civiles avaient "déploré la légèreté avec laquelle l'instruction de cette affaire a été menée au niveau tant de la police que du parquet militaire" et regretté "le refus du tribunal de faire droit à leurs nombreuses requêtes tendant à voir certaines personnalités être entendues".
"Ce procès s'achève sans que l'on puisse connaître les mobiles du crime (crapuleux ou lié au métier de journaliste de la victime) et alors qu'il subsiste encore de nombreuses zones d'ombre", avaient notamment déploré les avocats des familles des victimes.