WASHINGTON (AFP) - Les autorités de Géorgie (sud-est des Etats-Unis) ont suspendu l'exécution d'un condamné à mort américain, fixée à mardi soir, afin d'analyser de nouveaux éléments présentés par les avocats de la défense.
Le représentant du comité des grâces de l'Etat de Géorgie a annoncé lundi soir qu'un délai supplémentaire était accordé après l'examen du dossier de Troy Davis, 38 ans, un Noir condamné pour le meurtre d'un policier blanc en 1989.
Le comité des grâces "a voté en faveur d'un délai supplémentaire ne pouvant excéder 90 jours" afin de permettre à ses membres d'examiner les nouveaux éléments fournis par les avocats de la défense et de décider si l'exécution doit être confirmée, indique le comité sur son site internet.
"Je suis très heureux" a déclaré au téléphone Davis à des journalistes après la décision, ont rapporté des journaux américains."J'ai fait un pas de plus vers la liberté," a-t-il ajouté.
Davis a été condamné à mort en 1991 pour le meurtre du policier Mark McPhails, 27 ans, tué alors qu'il tentait de s'interposer dans une rixe sur le parking d'un fast-food à Savannah, en Géorgie.
Agé de 20 ans au moment des faits, Troy Davis, a reconnu qu'il était présent le soir du drame mais nie toute implication dans le meurtre.
L'arme du crime est restée introuvable, mais sur la foi de neuf témoignages, Troy Davis a été incarcéré, inculpé et condamné à mort en août 1991.
Dans les années qui ont suivi, les témoins ont commencé pourtant à se raviser. Aujourd'hui, sept d'entre eux ont modifié leur déposition, plusieurs affirmant que Davis n'était pas le meurtrier et qu'ils avaient menti sous la pression de la police.
Mais aucun juge n'a entendu ces nouveaux éléments. En juin, la Cour suprême a rejeté le recours déposé en appel.
Des défenseurs des droits de l'Homme aux Etats-Unis et à l'étranger ont appelé le comité à épargner la vie de Davis, dénonçant un système judiciaire incapable d'examiner de nouvelles preuves qui permettraient d'éviter la mort à des innocents condamnés à tort.
Le Conseil de l'Europe a appelé les Etats-Unis de ne pas exécuter Troy Davis afin d'éviter "une tragique erreur judiciaire" et l'archevêque et prix Nobel de la paix Desmond Tutu a écrit au comité qu'il était "choquant qu'en plus de 12 ans d'appels, aucun tribunal n'ait accepté de tenir une audience sur les pressions de la police".
William Sessions, ancien directeur du FBI et partisan de la peine de mort, a lui aussi estimé la semaine dernière dans une tribune d'un journal d'Atlanta (Géorgie) qu'il serait "intolérable d'exécuter un innocent".