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"Ali le chimique" et deux anciens dirigeants irakiens condamnés à mort pour le massacre au Kurdistan en 1988

dépêche de presse du 24 juin 2007 - Associated Press - AP
Pays :
peine de mort / Irak
BAGDAD (AP) - Le haut tribunal pénal irakien a condamné dimanche Ali Hassan al-Majid, cousin de Saddam Hussein plus connu sous le nom d'"Ali le chimique", à la peine de mort par pendaison pour son rôle dans le massacre de 180.000 Kurdes en 1988.

L'ancien ministre de la Défense Sultan Hachim Ahmad al-Taï et l'ancien directeur adjoint des opérations des forces armées irakiennes Hussein Rachid Mohammed ont également été condamnés à la peine capitale. Ces sentences doivent à présent être confirmées en appel.

Deux autres accusés ont écopé d'une peine de réclusion à vie: Farhan Moutlaq Saleh, ancien responsable du renseignement militaire pour l'est de l'Irak et Sabir al-Douri, ancien dirigeant du renseignement militaire. Enfin, comme l'avait demandé le ministère public, le tribunal a abandonné les charges contre le sixième accusé, l'ancien gouverneur de Mossoul Taher Toufik al-Ani, faute de preuves suffisantes.

Ces six anciens dirigeants du régime de Saddam Hussein comparaissaient pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour les massacres perpétrés lors de l'opération "Anfal" au Kurdistan irakien dans le nord du pays en 1988. Quelque 180.000 hommes, femmes et enfants, principalement civils, ont été tués au cours de cette opération qui s'est notamment traduite par des bombardements à l'arme chimique.

Ali Hassan al-Majid, ancien chef du Commandement nord du Parti Baas, a été reconnu coupable de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, pour avoir ordonné à l'armée et aux services de sécurité l'emploi de ces armes lors de l'opération "Anfal".

"Vous aviez toute l'autorité civile et militaire pour le nord de l'Irak. Vous avez ordonné aux troupes de tuer des civils kurdes (...) Vous les avez soumis à des attaques systématiques et étendues, employant des armes chimiques et l'artillerie (...) Vous avez perpétré un génocide. Il existe assez de documents contre vous", lui a déclaré le président du tribunal Mohammed Oreibi al Khalifa.

Al-Majid, qui a démenti avec véhémence ces accusations au cours du procès, est resté silencieux à l'énoncé du verdict. "A la grâce de Dieu", a déclaré "Ali le chimique" alors qu'on l'escortait hors de la salle.

"Je suis innocent", a pour sa part affirmé l'ancien ministre de la Défense Sultan Hachim Ahmad al-Taï, reconnu coupable d'avoir ordonné une offensive à grande échelle contre la population civile, emploi d'armes chimiques et déportations.

Hussein Rachid Mohammed a lui interrompu le président du tribunal pendant la lecture du verdict. Les accusés, a-t-il affirmé, défendaient l'Irak en visant la rébellion kurde accusée de soutenir Téhéran pendant la guerre Iran-Irak (1980-88). "Dieu bénisse nos martyrs. Vive la brave armée irakienne. Vive l'Irak. Vive le parti Baas et vive les nations arabes", a-t-il lancé.

L'ancien président irakien Saddam Hussein était également poursuivi dans ce dossier mais a été exécuté par pendaison le 30 décembre dernier après sa condamnation pour crimes contre l'humanité commis en 1982 avec le massacre de 148 chiites à Doujaïl.

Outre l'ex-raïs, son demi-frère et ancien chef des services secrets irakiens Barzan Ibrahim ainsi qu'Awad Hamed al-Bandar, ex-président du Tribunal révolutionnaire irakien, ont été pendus en janvier 2007. L'ancien vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a été exécuté par pendaison le 20 mars dernier, également pour son rôle dans le massacre de Doujaïl perpétré en représailles à un attentat manqué visant Saddam Hussein.

Ramadan avait été dans un premier temps condamné à la réclusion à perpétuité mais la cour d'appel a jugé cette peine trop indulgente. Elle a renvoyé l'affaire devant la Haute cour, en lui demandant de condamner l'accusé à mort.
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