TEHERAN (AFP) - Deux hommes reconnus coupables d'avoir assassiné un haut magistrat iranien en 2005 ont été pendus jeudi, en plein centre de Téhéran, devant une foule venue assister aux premières exécutions publiques dans la capitale en cinq ans.
Majid Kavousifar et son neveu Hossein Kavousifar, reconnus coupables du meurtre du vice-procureur Hassan Mogaddas, ont été pendus depuis des grues avenue Bokharest, devant le complexe judiciaire du quartier d'Ershad, que le magistrant dirigeait, tandis que plusieurs milliers de personnes criaient "Allah-o-Akbar" (Dieu est grand).
"Mes chers concitoyens, nous allons commencer la cérémonie. Nous vous demandons de respecter l'ordre et de saluer le prophète Mahomet", lance un responsable par haut parleur.
Le procureur général de Téhéran, Saïd Mortazavi, sort du Palais de justice et affirme que "les condamnés ne regrettent pas leurs actes". "M. Kavousifar a expliqué qu'il pouvait identifier les gens corrompus et les tuer. Ils voulaient tuer autant de juges qu'ils pouvaient".
Outre le meurtre du vice-procureur, les deux hommes ont été reconnus coupables d'avoir tué deux autres personnes et participé à l'attaque à main armée de cinq banques.
Vers neuf heures du matin, ils sont sortis du Palais de justice par des policiers en uniformes noirs et les bourreaux encagoulés et également en noir, entourés de photographes et journalistes.
Deux grues les attendent. Ils sont montés à l'arrière de deux véhicules où on leur passe une corde bleue autour du cou. Une longue liste d'accusations est lue.
Majid Kavousifar, principal accusé, a les mains attachées dans le dos mais trouve moyen de faire un geste à la foule et aux photographes.
Il parle brièvement à l'un des bourreaux.
Le second accusé reste silencieux. Il est 09H45 précise (06H15 GMT).
Les deux condamnés sont montés sur deux tabourets. Les bourreaux les renversent d'un coup de pied tandis que les grues hissent les deux corps. Des gens prennent des photos ou filment la scène avec leur téléphones portables.
"Mort aux hypocrites. Mort aux terroristes. Mort à l'Amérique", lance un officiel à l'aide d'un haut parleur.
"Allah-o-Akbar", crie la foule.
Quelques minutes après, les deux corps sont descendus et mis dans une ambulance qui s'éloigne.
La police demande alors à la foule de se disperser.
Le procureur assassiné était connu pour ses positions dures dans des dossiers sensibles impliquant des personnes ayant critiqué les autorités.
Il avait notamment condamné l'écrivain Akbar Ganji à six ans de prison en 2001, l'accusant d'avoir impliqué des responsables du régime dans le meurtre de membres de l'opposition.
Hassan Mogaddas avait aussi présidé le procès d'intellectuels et de réformateurs iraniens qui avaient participé à une conférence controversée à Berlin en 2000.
Le complexe judiciaire d'Ershad s'occupe des affaires de "corruption morale", notamment des femmes arrêtées pour non respect du voile islamique ou des personnes arrêtées lors de fêtes.
Depuis le début de l'année, au moins 151 personnes ont été exécutées en Iran, la plupart par pendaison, selon un décompte effectué par l'AFP à partir d'informations de presse et de témoignages.
Au moins 177 personnes ont été exécutées en 2006, selon Amnesty International qui précise que l'Iran est avec la Chine et le Pakistan l'un des trois pays qui a le plus recours à la peine de mort dans le monde.
La trahison, l'espionnage, le meurtre, l'attaque à main armée, le trafic de drogue, le viol, la sodomie, l'adultère, la prostitution et l'apostasie sont passibles de la peine de mort en République islamique.