WASHINGTON (AP) - Pour la première fois en 25 ans, la population qui attend dans les couloirs de la mort aux Etats-Unis a diminué l'an dernier. Une baisse qui illustre la tendance au recul des condamnations à la peine capitale ces dernières années.
Le nombre de condamnés en attente d'une exécution est passé de 3.601 détenus en 2000 à 3.581 en 2001, la première baisse enregistrée depuis 1976 quand la Cour suprême a mis fin à un moratoire de quatre ans sur les exécutions, selon les chiffres du département américain de la Justice.
Dans le même temps, pour la troisième année consécutive, le nombre des condamnations à la peine capitale a baissé, pour atteindre son plus bas niveau depuis 1973, avec 155 personnes envoyées dans les couloirs de la mort, selon le Bureau des statistiques judiciaires.
Le nombre d'exécutions recule également, passant de 85 à 66 personnes. Mais il a remonté cette année: au 11 décembre dernier, 68 personnes avaient déjà été exécutées dont 33 dans l'Etat du Texas du président George W. Bush.
"Il y a actuellement une utilisation plus sélective de la peine capitale", estime Richard Dieter, directeur exécutif du Centre d'information sur la peine de mort, une association de recherches sur la peine capitale. Les récentes affaires qui ont vu des condamnés à mort finalement innocentés par des preuves ADN ne sont pas étrangères à cette tendance. "Le problème crucial, celui qui dérange les gens, c'est que nous avons vu des détenus qui auraient pu être exécutés prochainement sortir du couloir de la mort".
L'an dernier, 63 hommes et trois femmes, dont 48 blancs, 17 noirs et un amérindien, ont été exécutés, tous par injection. Le profil type du détenu qui attend dans les couloirs de la mort, dressé par les statistiques, est celui d'un homme qui a déjà eu maille à partir avec la justice, qui n'a jamais été marié et n'est pas allé plus loin que le lycée. Seuls 10% des condamnés à mort ont étudié à l'université.
Les exécutions de l'an passé ont été appliquées par 15 des 38 Etats américains où la peine capitale est en vigueur. L'Oklahoma a exécuté 18 personnes, devançant le Texas (17) et le Missouri (7). Deux personnes ont été exécutées par le gouvernement fédéral, l'auteur de l'attentat d'Oklahoma City, Timothy McVeigh, et le baron de la drogue et meurtrier Juan Raul Garza.
En 2001, les tribunaux ont aussi annulé ou renversé 90 condamnations à mort, dont 11 en Floride. Quarante-six des 90 détenus purgent désormais une peine de prison à vie, la plupart des autres attendent un nouveau procès ou une audience qui doit fixer leur nouvelle peine. Sept détenus ont vu leur peine commuée. Et dix neuf personnes sont mortes avant la date de leur exécution.
Toujours d'après les statistiques du département de la Justice, les détenus exécutés l'an dernier avaient passé en moyenne 11 ans et dix mois dans les couloirs de la mort, soit environ cinq ans de plus que l'an passé.
A la fin 2001, trois Etats détenaient à eux seuls 40% de la population en attente d'une exécution: la Californie (603 détenus), le Texas (453) et la Floride (372). Le New Hampshire est le seul Etat appliquant la peine capitale dont le couloir de la mort est vide.
En 2001, le plus jeune détenu attendant son exécution était âgé de 19 ans, le plus vieux de 86 ans. Le nombre des condamnés à mort blancs, 1.989, est plus important que celui des noirs, 1.538. On compte 51 femmes, contre 36 il y a dix ans. Les méthodes d'exécution changent également, l'injection prenant le pas sur la chaise électrique, l'utilisation de gaz, la pendaison et le peloton d'exécution (Idaho, Oklahoma et Utah) encore utilisés dans certaines circonstances.