Plan du site

Inde: trois musulmans condamnés à mort pour complicité de terrorisme

dépêche de presse du 18 décembre 2002 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Inde
Thème :
NEW DELHI (AFP) - Trois musulmans originaires du Cachemire ont été condamnés à mort mercredi en Inde pour avoir aidé cinq kamikazes islamistes à attaquer le Parlement de New Delhi il y a un an, événement qui avait failli provoquer une nouvelle guerre indo-pakistanaise.

L'épouse d'un accusé, qui était également jugée par un tribunal spécial à New Delhi, a été condamnée à cinq ans de prison ferme pour n'avoir pas révélé aux autorités l'existence du projet d'attaque contre le Parlement.

A Srinagar, capitale d'été du Cachemire indien, la principale alliance séparatiste musulmane, la Hurriyat (Liberté), a réagi au verdict en dénonçant une "mise en scène".

Les trois condamnés à mort - Mohammed Afzal, Shaukat Hussain et S.A.R. Geelani - avaient été reconnus coupables lundi d'avoir participé à "une conspiration criminelle" équivalant à "une guerre contre l'Inde". Ils étaient notamment accusés d'avoir fourni une aide logistique aux assaillants du Parlement.

Le juge S.N. Dhingra les a condamnés en vertu d'une nouvelle loi du Code pénal indien pour la prévention du terrorisme (POTA) et d'une loi sur la détention d'explosifs. Il a estimé que l'attaque avait été "si révoltante" qu'elle méritait un châtiment exemplaire.

La peine de mort est très rarement appliquée en Inde et des juristes n'excluent pas que, dans ce cas, elle soit commuée en prison à perpétuité. Des proches des accusés ont dénoncé des sentences disproportionnées.

Aucun des condamnés n'a participé directement à l'attaque. Leurs avocats ont annoncé qu'ils feraient appel devant la Haute cour.

Le 13 décembre 2001, cinq hommes, fortement armés et identifiés ensuite par les autorités de New Delhi comme des kamikazes venus du Pakistan voisin, avaient lancé une opération commando contre le Parlement fédéral indien.

A la suite d'intenses échanges de tirs, ils avaient été abattus avant de pouvoir pénétrer à l'intérieur du principal bâtiment. Huit membres des forces de sécurité indiennes avaient été tués, ainsi qu'un jardinier.

L'attaque, intervenue trois mois après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, avait profondément choqué l'Inde et suscité une vive indignation internationale.

Elle avait entraîné d'inquiétants mouvements de troupes en Inde et au Pakistan, deux Etats nucléaires dont les armées sont restées mobilisées pendant pratiquement toute l'année 2002.

Selon l'enquête policière, Afzal et Hussain, deux des trois condamnés à mort, appartiennent au Jaish-e-Mohammed (Armée de Mahomet), groupe terroriste interdit, dont le chef, Maulana Masood Azhar, a été libéré la semaine dernière au Pakistan.

Afzal, Hussain et Geelani ont en outre été condamnés mercredi à des amendes totalisant 2,74 millions de roupies (57.000 dollars). Ces sommes iront aux familles des victimes de l'attaque du 13 décembre 2001.

"Si réclamer la libération du Cachemire équivaut à du terrorisme, alors je suis terroriste", a lancé Hussain après l'annonce du verdict.

"Je suis innocent, c'est un coup monté", a clamé Geelani, enseignant à New Delhi. "Sans justice, il n'y aura pas de paix".

Des sympathisants du Shiv Sena, groupe de l'extrême droite nationaliste hindoue, qui attendaient à l'extérieur du tribunal, ont fait exploser des pétards et ont scandé des slogans hostiles au Pakistan après la proclamation des sentences.

Lundi, le juge Dhingra avait déclaré les cinq kamikazes tués pendant l'attaque et leur chef opérationnel en fuite, Gazi Baba, coupables d'avoir cherché à s'emparer du Parlement de New Delhi en session pour tuer le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur et prendre en otages les parlementaires présents.

Les séparatistes de la Hurriyat au Cachemire avaient critiqué l'attaque contre le Parlement indien visant selon eux "à ternir et affaiblir notre mouvement de libération".
Partager…