BAGDAD - La plus puissante coalition politique sunnite en Irak a demandé vendredi la libération d'un officier supérieur de Saddam Hussein, condamné à mort pour sa participation à la répression des Kurdes dans les années 1980.
Le général Sultan Hachem Al-Tai, ministre de la Défense sous l'ancien régime bassiste, attend l'exécution de sa sentence --prononcée le 24 juin et confirmée le 4 septembre-- dans un centre de détention américain proche de Bagdad, le camp Cropper.
Le Front irakien de la Concorde nationale a estimé dans un communiqué que "le procès d'anciens officiers et responsables était une vengeance contre des patriotes pour le compte de l'ennemi", un terme qui désigne l'Iran dans la rhétorique des partis sunnites.
Au nom de ce Front, un de ses responsables, Adnan al Doulaimi, a demandé la libération du général Sultan Hachem, condamné à mort en même temps que le cousin de Saddam Hussein, Ali Hassan Al Majid, dit "Ali le Chimique".
Le sort de l'officier spécialisé dans le renseignement militaire a mobilisé plusieurs dirigeants irakiens, dont le président Jalal Talabani, un kurde, qui a refusé de signer l'ordre d'exécution de l'ancien ministre, et le vice-président Tarek al-Hachémi, un sunnite.
Jeudi, M. Talabani a répété son opposition à l'exécution de Sultan Hachem dans un entretien à la télévision al-Arabiya, qui émet de Dubaï. "Le général Sultan Hachem ne mérite pas d'être exécuté. Cet homme était un officier irakien compétent et excellent. C'est un militaire qui ne pouvait pas désobéir aux ordres", a notamment déclaré M. Talabani.
Dans son communiqué, la coalition sunnite déclare: "Le gouvernement irakien doit respecter les officiers irakiens qui sont connus pour leur patriotisme et pour leur courage et qui ont défendu la patrie contre les agressions extérieures".
Cette coalition, qui a 54 sièges au Parlement, a retiré au mois d'août ses six ministres du gouvernement de Nouri al-Maliki, à qui elle reproche de servir les intérêts de la communauté chitte, majoritaire en Irak, et d'être sous l'influence de Téhéran.
"Le gouvernement irakien n'a pas le droit de traduire en justice des citoyens d'Irak pour avoir défendu leur pays et pour leur participation dans la guerre entre l'Irak et l'Iran", ajoute le texte.
"C'est un devoir que d'honorer tous ceux qui ont défendu le pays contre des agresseurs", conclut le texte.
Sultan Hachem était le no 27 sur la liste des 55 responsables irakiens les plus recherchés par les Américains, après l'invasion de mars 2003. Il s'est livré aux forces américaines le 19 septembre 2003 après une semaine de négociations dans la région de Mossoul, dans le nord de l'Irak.
Il a été condamné à la peine capitale au côté d'"Ali le Chimique" et d'Hussein Rachid al-Tikriti, ancien chef adjoint des opérations des forces armées, pour sa participation à la répression qui fait 182.000 victimes au Kurdistan, à la fin des années 1980.
Selon les lois irakiennes, il aurait dû être exécuté 30 jours après la confirmation de sa sentence.