BAGDAD - Un responsable irakien a évoqué jeudi l'exécution prochaine d'"Ali le Chimique", un des principaux dirigeants du régime de Saddam Hussein, alors que des discussions se poursuivent à Bagdad sur la procédure à suivre.
Ali Hassan al-Majid, condamné à mort le 24 juin pour le massacre de Kurdes à la fin des années 80, demeure sous la responsabilité des autorités d'occupation américaines, ont assuré des sources irakiennes et américaines.
Selon les lois irakiennes, ce cousin et homme lige de l'ex-président Saddam Hussein, dont le surnom vient de sa prédilection pour les armes chimiques, aurait dû être exécuté 30 jours après la confirmation de sa sentence, le 4 septembre.
Interrogé à Washington sur le fait de savoir si Ali Hassan al-Majid, 66 ans, serait bientôt pendu, le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh, a répondu: "Oui, c'est ce que je pense, prochainement".
Il a été condamné à mort avec deux autres responsables de l'ancien régime pour la répression de la rébellion kurde en 1987 et 1988, qui avait fait plus de 180.000 tués.
Toutefois, le vice-président irakien Tarek al-Hachémi a assuré jeudi dans un communiqué que le condamné ne pouvait être livré au bourreau sans une autorisation du Conseil présidentiel, formé du président et de ses deux vice-présidents.
"Les forces américaines qui détiennent les condamnés (Ali le Chimique et deux coaccusés) ne doivent pas les transférer sans autorisation du Conseil présidentiel", a estimé le vice-président.
"L'ambassade américaine a confirmé son engagement à ce sujet", a ajouté M. Hachémi, membre de ce Conseil aux côtés du président Jalal Talabani et de l'autre vice-président, Adel Abdel Mehdi.
La porte-parole de l'ambassade américaine, Mirembe Nantongo, a souligné à l'AFP que "des discussions ont lieu au sein du gouvernement irakien sur la façon de procéder et nous attendons un prochain éclaircissement des autorités irakiennes".
Depuis sa condamnation à mort, Ali Hassan al-Majid comparaît dans un autre procès, qui porte sur des massacres qui ont fait plus de 100.000 tués lors de la révolte dans le sud chiite en 1991 après la débâcle de l'armée irakienne au Koweit.
Originaire, comme l'ancien dictateur --lui-même exécuté par pendaison fin 2006-- de la région sunnite de Tikrit au nord de Bagdad, il doit comparaître dimanche pour une nouvelle audience dans ce procès.
Début octobre, le Premier Ministre irakien, Nouri al-Maliki, avait repoussé son exécution en raison du ramadan, le mois de jeûne musulman, et il avait créé depuis une commission pour étudier les conséquences juridiques du dépassement du délai d'exécution des condamnés.
Me Badie Aref, un des avocats de Saddam Hussein, a indiqué à l'AFP depuis Amman que cette commission ne s'était pas réunie et que l'exécution d'"Ali le Chimique" serait illégale.
"Ils n'ont pas le droit de mettre en oeuvre l'exécution d'Ali Hassan al-Majid après un délai de plus de 30 jours", a-t-il ajouté.