KHARTOUM (Reuters) - Accusés d'avoir décapité un journaliste soudanais, dix hommes originaires du Darfour ont été condamnés samedi à être passés par les armes, ce qui est habituellement réservé à des militaires, ont annoncé leurs défenseurs.
Mohamed Taha, rédacteur en chef du quotidien al Wifak, avait été enlevé par des hommes armés l'an dernier à son domicile et son corps sans tête avait été retrouvé le lendemain dans une rue du sud de Khartoum.
"Le tribunal a décidé de condamner les 10 accusés à la peine de mort par peloton d'exécution, ce qui n'a aucun fondement légal", a déclaré Kamal Omer, l'un des avocats de la défense. Les dix condamnés appartiennent à la même ethnie.
Le crime a provoqué un choc dans le milieu journalistique soudanais en rappelant les "exécutions" perpétrées par Al Qaïda en Irak. Taha était lui-même d'obédience islamiste, mais il s'était fait des ennemis en republiant un article qui mettait en question les origines du prophète Mahomet.
Selon les autorités, il avait également irrité les Darfouris en exprimant des doutes sur la moralité des femmes du Darfour, au moment où des opérations anti-insurrectionnelles marquées par de nombreux viols aggravaient la crise humanitaire dans l'Ouest soudanais.
Selon Omer, le plus jeune des accusés a 16 ans, l'âge des autres allant jusqu'à 45 ans environ. Il a estimé que la décision du tribunal traduisait l'influence de milieux politiques. "Le tribunal était rempli de personnalités des services de sécurité et du gouvernement", a-t-il dit.
L'avocat a ajouté que les condamnés feraient appel et iraient jusqu'à la Cour suprême et au tribunal constitutionnel.
Omer a dit avoir été emprisonné lui-même durant la nuit pour avoir déclaré publiquement que ses clients avaient subi des tortures visant à leur arracher des aveux.
Amnesty International a fait état de tortures contre des prisonniers, notamment politiques, au Soudan. Ce que nient les autorités du pays.