BEYROUTH (AFP) - La justice a condamné mardi à 12 ans de prison l'un des quatre Libanais jugés au Liban pour un double attentat manqué dans des trains en Allemagne en 2006, le jour où s'ouvrait le procès d'un cinquième suspect à Dusseldorf en Allemagne.
Jihad Hamad, 23 ans, a été condamné par la Cour criminelle de Beyrouth pour "tentative de meurtre". Arrêté le 24 août 2006 au Liban, il a avoué pendant le procès avoir placé une valise piégée dans un train régional en réaction à la publication de caricatures du prophète Mahomet dans la presse européenne.
La Cour a en revanche acquitté les trois autres accusés, Khaled al-Hajj Dib, 20 ans, Ayman Hawwa, 23 ans, et Khalil Boubou, 24 ans, qui niaient toute participation dans l'attentat avorté.
Un cinquième accusé, Youssef Mohamed al-Hajj Dib, jugé par contumace à Beyrouth, a été condamné à la peine de mort, une peine immédiatement commuée en prison à vie.
Il comparaît depuis mardi à Dusseldorf (ouest) pour tentative d'assassinats multiples et encourt dans ce pays la réclusion à perpétuité.
La police libanaise avait annoncé le 21 mai la mort d'un sixième suspect dans cette affaire, Saddam al-Hajj Dib, frère de Youssef, lors d'affrontements entre forces de l'ordre et le groupe extrémiste Fatah al-Islam au Liban nord.
Chacune des valises retrouvées le 31 juillet 2006 dans deux trains régionaux partis de Cologne (ouest) pesait environ 25 kilos et contenait une bonbonne de gaz de 11 litres et des bouteilles remplies d'un liquide inflammable, selon la police allemande. Les explosifs devaient être déclenchés simultanément, à 14h30, mais un défaut de fabrication a empêché cela.
[Le Libanais Jihad Hamad (C), le 18 avril 2007 à Beyrouth, avec ses coaccusés Khalil Bubu (G) et Khaled al-Hajj Dib (D) - © 2007 AFP - null]
Jihad Hamad, qui vivait à Cologne, a reconnu à Beyrouth avoir déposé ces valises avec Youssef Dib "pour protester contre la publication de caricatures du prophète Mahomet au Danemark" et leur reproduction dans la presse allemande.
A Dusseldorf, l'avocat de Youssef Dib -arrêté le 19 août 2006 à Kiel (nord de l'Allemagne) alors qu'il s'apprêtait apparemment à rejoindre la Suède et incarcéré depuis- a avancé que les bombes n'étaient pas nécessairement destinées à exploser.
Selon Me Bernd Rosenkranz, qui compte insister sur le défaut du système de mise à feu des bombes, il est possible que l'objectif des poseurs ait été seulement de lancer un avertissement.
Un argument qui n'est "pas tenable", a rétorqué le procureur fédéral Horst Salzmann, pour qui la tentative d'attentats était "à prendre totalement au sérieux", il s'agissait de "tuer le plus grand nombre possible de personnes".
Ex-étudiant à Kiel, Youssef Dib comparaît devant une cour spéciale pour les affaires de terrorisme, formée de cinq juges professionnels, dans un procès sous haute sécurité censé durer plusieurs mois. Il est accusé d'avoir déposé sa bombe dans un train reliant Cologne et Coblence (sud-ouest).
Il est bien le suspect filmé le 31 juillet 2006 par les caméras de surveillance de la gare de Cologne, a reconnu son avocat.
Selon les autorités allemandes, il s'en était fallu de peu pour que les deux bombes, confectionnées apparemment sur la base d'informations obtenues sur internet, n'explosent dans les trains bondés.
La mort d'un autre frère de Youssef Dib au Liban dans un raid aérien israélien, peu avant les attentats manqués, pourrait expliquer son geste, avait affirmé la presse allemande.
Musulman sunnite religieux, Youssef Dib n'est pas poursuivi pour participation à une entreprise terroriste car le dossier allemand ne comprend que deux suspects, or il en faut trois pour un tel chef d'accusation.
Le parquet général fédéral continue toutefois d'enquêter sur un frère de l'accusé vivant en Suède, Khaled Mohamed Ibrahim, cloué dans un fauteuil roulant. L'accusé a indiqué qu'après son arrivée en Allemagne en 2004, ce frère avait endossé pour lui "le rôle du père. Il s'est occupé intensément de moi, des plus petits détails aux grands sujets".