MAZAR-I-SHARIF (Afghanistan), 23 jan 2008 (AFP) - Un tribunal du nord de l'Afghanistan a condamné à mort un journaliste afghan détenu depuis octobre sous l'accusation de "blasphème", ont annoncé mercredi des sources officielles.
La famille de Perwiz Kambakhsh, 23 ans, a reçu mardi par écrit notification de la condamnation requise par le tribunal de la province de Balkh (nord), a indiqué à l'AFP le frère du reporter, lui-même journaliste, Yaqoub Ibrahimi.
Le procès, a-t-il dit, s'est tenu à huis clos sans personne pour défendre le jeune homme.
"Basé sur les crimes commis par Perwiz Kambakhsh, le tribunal de première instance l'a condamné à la plus grave punition qui est la peine de mort", a déclaré à l'AFP le procureur adjoint de la province, Hafizullah Khaliqyar.
Le jeune homme a été arrêté le 27 octobre pour avoir distribué un article "insultant pour l'islam et interprétant de manière erronée des versets du Coran" à ses camarades d'université, selon le document officiel.
Le jeune homme, étudiant à l'université de Balkh et reporter dans un journal local, Jahan-e Naw (Nouveau Monde), a rejeté cette condamnation et fera appel, selon sa famille.
Il n'est pas l'auteur de l'article incriminé qui porte sur une interprétation de versets du Coran sur les droits de la femme, ont indiqué ses confrères.
"Lire un article n'est pas un péché. Nous voulons sa libération immédiate", avait demandé dimanche l'Association des journalistes indépendants afghans (AIJA), par la voix de son président Rahimullah Samandar.
Selon ce dernier, la détention du journaliste est liée à "des articles critiques" écrits par son frère Yaqoub Ibrahimi contre les autorités de Balkh.
Les organisations internationales de défense des journalistes ont vivement protesté mercredi contre la condamnation.
Dans deux communiqués reçus par l'AFP à Kaboul, l'organisation Reporters Sans Frontières (RSF), basée à Paris, et la Fédération internationale des Journalistes (FIJ) Asie-Pacifique, se sont adressées au président Hamid Karzaï pour renverser cette condamnation en première instance.
RSF a appelé le président Hamid Karzaï à "intervenir au plus vite pour que l'irréparable ne soit pas commis".
"Nous sommes choqués par cette décision prise dans la précipitation et sans aucun souci du droit et de la liberté d'expression protégée par la Constitution. Sayed Perwiz Kambakhsh n'a commis aucun crime", affirme RSF.
La Fédération internationale des journalistes (FIJ) Asie-Pacifique a également condamné "fermement" cette sentence et s'est insurgé contre "le refus d'une représentation légale" pour l'accusé et contre "le huis clos des procédures du tribunal".