BUKAVU (RDCongo) - Le procès en appel des assassins du journaliste congolais Serge Maheshe et des témoins du crime survenu en juin 2007 à Bukavu a été renvoyé mercredi au 13 février par le tribunal militaire de cette ville de l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Après une brève audience, la cour militaire a accordé un délai d'une semaine aux accusés pour leur permettre de mieux préparer leur défense, a constaté un correspondant de l'AFP.
Le 28 août 2007, le tribunal militaire de garnison de Bukavu a condamné à mort pour assassinat Freddy Bisimwa et Mugisho Rwezangabo, deux civils qui avaient reconnu avoir tué le journaliste de la radio Okapi (parrainée par l'ONU) Serge Maheshe (31 ans) dans la soirée du 13 juin à Bukavu.
Sur la base des dénonciations des tueurs présumés, le tribunal avait aussi condamné à la peine capitale Serge Mohima et Alain Shamavu, deux amis de la victime et témoins oculaires du crime, accusés d'en être les commanditaires.
Les deux amis ont toujours clamé leur innocence. Depuis leur prison, Bisimwa et Rwezangabo sont revenus sur leurs déclarations et ont blanchi les deux témoins dans une lettre transmise à la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) et aux autorités judiciaires congolaises.
Dans cette lettre, ils ont affirmé qu'en "contrepartie de (...) dénonciations calomnieuses, les magistrats leur avaient promis une libération rapide et une rente financière", selon les organisations de défense de la presse internationale Reporters sans frontières (RSF) et locale Journaliste en danger (JED).
Ces deux ONG ont appelé mardi à la libération des deux amis de Serge Maheshe, dénonçant une "erreur judiciaire" et demandant une explication des "magistrats militaires qui ont entraîné le tribunal dans une mascarade stupéfiante".
De son côté, la Monuc a recommandé mercredi "que toutes les garanties d'un procès juste et équitable soient respectées au cours de la procédure en appel", a déclaré son porte-parole Kemal Saïki au cours d'un point presse à Kinshasa.
La Monuc "réaffirme sa disponibilité à fournir aux autorités judiciaires toute l'assistance technique et logistique nécessaire, dans le cadre de son mandat et de ses capacités opérationnelles", a-t-il ajouté.
M. Saïki a rappelé que la Monuc avait estimé après le premier jugement que le tribunal militaire "n'avait pas été en mesure d'appuyer son opinion sur un rapport d'autopsie et sur une expertise balistique".
Ce tribunal avait lui-même constaté que "les aveux des deux principaux accusés contenaient des contradictions et que certaines allégations faites par ceux-ci n'avaient pas été corroborées", reconnaissant que "des zones d'ombre subsistaient", a souligné le porte-parole.
L'assassinat de Serge Maheshe, journaliste reconnu par la profession, avait suscité l'indignation en RDC, où de nombreuses ONG avaient dénoncé une parodie de justice.