WASHINGTON, 16 juin (AFP) - Après 21 ans passés dans le couloir de la mort et dix dates d'exécution, un Canadien de 61 ans, Joseph Stanley Faulder, se prépare à être exécuté jeudi au Texas (sud des Etats-Unis), sauf improbable mesure de clémence de dernière minute.
Faulder, un ancien mécanicien de Jasper (Alberta) et "un bon prisonnier" selon un porte-parole des autorités pénitentiaires, Larry Fitzgerald, n'a plus guère d'illusions. "Stan est là depuis longtemps. Il veut juste que quelque chose se passe, explique M. Fitzgerald. Il a tendance à penser + exécutez-moi ou libérez-moi, mais faites quelque chose+", ajoute-t-il. "Il est très anxieux", renchérit son avocate Sandra Babcock. "Il écrit des lettres d'adieu, mais espère encore", affirme-t-elle.
Ces huit dernières années, Faulder a enduré dix dates d'exécution. En décembre dernier, il avait déjà été transféré dans une cellule attenante à la chambre de la mort, lorsque la Cour suprême lui a accordé un sursis, une demi-heure avant l'heure prévue pour son exécution.
Mais depuis, la Cour suprême a refusé de revoir son cas, sans explication. La commission des grâces du Texas, à laquelle Sandra Babcock a demandé une nouvelle fois de commuer son exécution en peine de prison à vie, s'y est déjà refusée à deux reprises dans le passé.
Il avait été condamné à mort en 1978 pour le meurtre d'une riche Texane, Inez Phillips, en juillet 1975. Le jugement cassé, il avait de nouveau été condamné à la peine capitale en 1981.
Ce week-end, Stanley Faulder, qui serait le cinquième étranger exécuté cette année aux Etats-Unis, a donc reçu ce qu'il pense être la dernière visite de sa famille, venue spécialement du Canada. Il leur a interdit de revenir pour son exécution par injection, prévue jeudi peu après 18h00 (23H00 GMT) dans la vieille prison de Huntsville (Texas), et à laquelle doivent assister plusieurs témoins et cinq journalistes.
S'il est exécuté, il sera le plus vieux condamné jamais mis à mort au Texas, l'Etat américain qui a exécuté le plus de condamnés. Et après 21 ans et demi passés dans le couloir de la mort texan, il y approche également le record de durée, qui est de 24 ans.
Mardi, son avocate voulait pourtant encore espérer. Elle entend encore faire appel, après qu'un tribunal fédéral de Houston eut refusé lundi de surseoir à l'exécution. Elle a aussi saisi à nouveau la Cour suprême des Etats-Unis, contestant la constitutionnalité de la commission des grâces du Texas, qui n'a, à une exception près, jamais grâcié de condamné à mort, et n'est pas même tenue de se réunir pour étudier leur demande de grâce.
Elle fait aussi valoir que les autorités canadiennes ont demandé la grâce du condamné, aux motifs que la convention de Vienne, garantissant une assistance consulaire à un étranger lors de son arrestation, n'a pas été respectée. Et la semaine dernière, insiste-t-elle, la commission inter-américaine des droits de l'homme, instance autonome de l'Organisation des Etats américains, a elle aussi demandé aux autorités américaines de surseoir à l'exécution de Stanley Faulder. Sans réponse jusqu'à présent.
Quarante-huit exécutions ont déjà eu lieu cette année aux Etats-Unis, trois autres sont prévues mercredi et une autre jeudi, en plus de celle de Faulder.