HUNTSVILLE (Etats-Unis), 17 juin (AFP) - Pour la sixième fois en huit ans, le condamné à mort canadien Stanley Faulder a entamé sa journée de jeudi en pensant que c'était la dernière, son exécution étant prévue dans la soirée à la prison de Huntsville au Texas.
C'était la dixième date d'exécution de cet homme de 61 ans depuis 1991, et la sixième fois, selon son avocate Sandra Babcock, qu'il arrivait à moins de 36 heures de l'heure prévue pour sa mort par injection. Après 22 ans (bien 22 ans) passés dans le couloir de la mort, il a donc pour la sixième fois exprimé ses dernières volontés, distribué ses maigres biens - une radio, un ventilateur - à d'autres condamnés à mort, précisé ce qu'il voulait comme dernier repas - il ne voulait rien - et sa famille a une fois encore finalisé les modalités de ses obsèques.
Dans toutes les précédentes occasions, il avait obtenu un sursis de dernière minute à la faveur des appels interjetés par son avocate.
Condamné à mort fin 1977 pour le meurtre d'une riche Texane, Stanley Faulder, un mécanicien originaire de Jasper (Alberta) n'avait cependant plus guère d'espoir jeudi d'éviter l'injection létale. Tous les recours de son avocate ont été rejetés par les tribunaux et la Cour suprême, ainsi que sa demande de commutation de peine auprès de la commission des grâces du Texas.
Les appels du Canada, qui avait dénoncé la violation de la Convention internationale de Vienne, n'ont pas été entendus, pas plus que la demande de sursis émise par la commission interaméricaine des droits de l'Homme.
Mercredi, deux Canadiens dont le député québécois Daniel Turp, étaient venus au Texas plaider en sa faveur devant le président de la commission des grâces, Victor Rodriguez. "Nous pensions pouvoir présenter nos arguments, mais avons appris au bout de 25 minutes que la commission avait refusé la grâce, avant même notre rencontre", a indiqué Daniel Turp. "C'était très frustrant".
Jeudi, la Cour suprême avait encore à se prononcer sur un ultime appel, interjeté mercredi soir par Mme Babcock. Elle a fait valoir qu'au regard des lois internationales, Stanley Faulder avait subi un "traitement cruel et inhumain" en endurant dix dates d'exécution et six "surveillances des dernières heures ("death watch", ces dernières 36 heures où le condamné est placé sous surveillance constante, se sépare de ses biens et précise ce que la prison doit faire de son corps.)
Mais l'avocate a reconnu que "les espoirs s'amenuisaient", même si en théorie le gouverneur du Texas George Bush peut encore accorder un délai de grâce d'un mois au condamné.
Stanley Faulder, décrit comme un "bon prisonnier" par les autorités pénitentiaires, devait être exécuté aux environs de 18h00 locales (23h00 GMT) dans la vieille prison de Huntsville (Texas), en présence de 32 témoins, dont le fils et les petits-enfants de sa victime.
Il a demandé à sa famille de ne pas y assister.
Il serait le premier Canadien exécuté aux Etats-Unis en 47 ans.
Il serait aussi le cinquième étranger exécuté cette année aux Etats-Unis, après le Thailandais Jaturun Siripongs en Californie, les Allemands Karl et Walter LaGrand en Arizona, et le Philippin Alvara Calambro dans le Nevada.
Il avait été condamné à mort en 1978 pour le meurtre d'une riche Texane, Inez Phillips, en juillet 1975. Le jugement cassé, il avait de nouveau été condamné à la peine capitale en 1981.
Selon Amnesty International, l'affaire Faulder illustre le "condensé de problèmes" multiples qui entourent la peine de mort aux Etats-Unis, où elle s'applique seulement aux pauvres, selon l'organisation de défense des droits de l'Homme.
Quarante-neuf condamnés y ont été exécutés cette année, dont l'un, Bruce Kilgore, mercredi soir dans le Missouri.