HUNTSVILLE, Texas - 18 juin 1999 (AP) -- Les autorités texanes ont ignoré les appels de dernière minute d'Ottawa, du Vatican et des Nations-Unies, jeudi, et ont exécuté le Canadien Stanley Faulder pour le meurtre d'une femme, en 1975.
Cet homme de 61 ans, originaire de Jasper, en Alberta, a été déclaré mort quatre minutes après avoir reçu des injections de produits chimiques, dans la chambre de mort de la prison de Huntsville, au Texas.
Stanley Faulder a fait un signe de la tête vers son avocate, Sandra Babcock, alors qu'elle entrait dans la chambre. S'approchant de la vitre, elle lui a demandé s'il était ``OK'', mais le condamné n'a pas répondu.
Lorsque le directeur de l'institution lui a demandé s'il avait quelque chose à dire avant de mourir, Stanley Faulder a hoché de la tête et répondu: ``Pas de déclaration''. Il a toussé deux fois, laissé entendre deux soupirs et a ensuite arrêté de bouger.
``Je suis en paix et je suis prêt à partir'', avait-il dit à un gardien de prison, quelques heures plus tôt. Selon un porte-parole du ministère de la Justice du Texas, Stanley Faulder était ``un prisonnier modèle''.
Le condamné a découvert la religion dans les murs de la prison. Ancien mécanicien, il prenait plaisir à réparer les petits appareils des autres prisonniers. ``C'est un des seuls à s'entendre aussi bien avec les blancs qu'avec les noirs'', faisait remarquer un de ses collègues en 1992.
C'était la dixième date prévue pour l'exécution de Stanley Faulder -il avait toujours bénéficié de sursis- depuis sa condamnation, en 1977, pour le meurtre de Inez Phillips, une femme de 75 ans, qui avait été tuée avec un couteau alors qu'on cambriolait sa maison, deux ans plus tôt.
Me Babcock était visiblement en colère après l'exécution. ``La rédemption et la justice sont deux concepts étrangers au système judiciaire du Texas'', a-t-elle déclaré. ``Je n'ai aucun doute que si nous avions été dans un autre Etat, la sentence de Stan Faulder aurait été révisée et il aurait eu droit à un nouveau procès. Son cas est emblématique de tout ce qui ne fonctionne pas avec la peine de mort''.
L'avocate a été particulièrement virulente par rapport aux allégations des fonctionnaires de l'Etat, qui affirment que si le condamné n'a pas été averti qu'il pouvait contacter les responsables du consulat canadien lors de son arrestation, c'est qu'eux-mêmes ignoraient qu'il était canadien.
''C'est complètement faux'', a-t-elle affirmé. ''Et malgré ça, ils l'ont laissé dans le couloir de la mort pendant 15 ans sans jamais l'informer de son droit le plus fondamental de parler à quelqu'un du consulat canadien''.
Stanley Faulder est le premier Canadien à être exécuté aux Etats-Unis depuis 1952.
Le gouvernement canadien a pris plusieurs mesures pour tenter d'empêcher son exécution, convenant que les droits de Stanley Faulder n'avaient pas été respectés selon la Convention de Vienne. Ce n'est que 15 ans après sa condamnation que les autorités canadiennes ont entendu parler de lui.
Le seul homme capable de sauver sa vie, le gouverneur du Texas et candidat à la présidence des Etats-Unis, George W. Bush, a refusé d'utiliser son pouvoir pour lui accorder un nouveau sursis.
``Il n'y a pas de nouvelles preuves qui remettent en question le verdict de culpabilité (de M. Faulder)'', a affirmé le gouverneur juste avant l'exécution.
M. Bush, un fervent défenseur de la peine de mort, a fait preuve de clémence une seule fois depuis son entrée en fonction en 1994. L'exécution de Stanley Faulder était la 14e à avoir lieu au Texas depuis le début de l'année. Le Canada a aboli la peine de mort en 1976.