CHICAGO (AP) - Trois jours avant de quitter ses fonctions, le gouverneur de l'Illinois a gracié quatre condamnés à mort qui, selon lui, avaient été torturés par la police de Chicago dans les années 80 pour avouer des meurtres qu'ils n'avaient pas commis.
Le gouverneur républicain George Ryan, qui avait décrété il y a trois ans un moratoire sur les exécutions capitales dans son Etat et s'était engagé dans une campagne pour réformer la peine de mort, envisage en outre de commuer la peine de 140 autres condamnés à mort en perpétuité.
Le gouverneur Ryan, qui n'avait pas brigué de second mandat lors des élections de novembre dernier et cédera donc son fauteuil lundi, a annoncé la grâce des quatre détenus vendredi soir dans un discours devant l'université DePaul.
Trois des quatre hommes -Madison Hobley, Aaron Patterson et Leroy Orange- ont été libérés immédiatement, tandis que le quatrième, Stanley Howard, condamné pour d'autres faits, restait détenu. Les quatre hommes se trouvaient dans le couloir de la mort depuis 12 à 17 ans.
Le gouverneur Ryan a estimé que ces quatre cas étaient de "parfaits exemples de ce qui est si terriblement brisé dans notre système".
"Nous avons des preuves de quatre hommes, qui ne se connaissaient pas, tous ayant été battus, torturés et reconnus coupables sur la base d'aveux qu'ils auraient faits", a ajouté George Ryan. "Je pense qu'une injustice manifeste s'est produite."
Dans son discours d'une heure, le gouverneur a reproché au système judiciaire criminel de l'Illinois d'être "inexact, injuste, incapable de faire la différence entre les innocents et les coupables et parfois très raciste". Il a mis en cause des "flics véreux", des procureurs zélés, des avocats incompétents et des juges qui prennent leurs décisions davantage en fonction de raisons techniques que de ce qui est juste.
Les réactions des défenseurs de la peine de mort ne se sont pas fait attendre. Dick Devine, procureur du comté Cook de Chicago, a ainsi qualifié les grâces de "scandaleuses et déraisonnables". Et d'ajouter: "Par ses décisions, le gouverneur a rompu la lien de confiance qui le liait à la mémoire des victimes décédées, à leurs familles et aux personnes qu'il avait été élu pour servir".
En janvier 2000, le gouverneur avait décrété un moratoire sur les exécutions capitales dans son Etat à la suite de la libération de 13 condamnés à mort consécutive à la découverte de nouvelles preuves ou erreurs.