RSF a dénoncé mercredi les "conditions calamiteuses" dans lesquelles se déroule le procès en appel des assassins présumés du journaliste congolais Serge Masheshe, abattu le 13 juin 2007 à Bukavu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
L'organisation de défense de la liberté de la presse déplore dans un communiqué le refus des magistrats du tribunal militaire de Bukavu d'examiner certaines pistes et de prendre en compte "les aveux spontanés des tireurs présumés", qui ont innocenté les deux amis et témoins oculaires du crime, condamnés à mort en première instance.
Le 28 août 2007, le tribunal militaire de garnison de Bukavu a condamné à mort pour assassinat Freddy Bisimwa et Masasile Rwezangabo, deux civils qui avaient reconnu avoir tué le journaliste de la radio Okapi (parrainée par l'ONU) Serge Maheshe (31 ans).
Sur la base des dénonciations des tueurs présumés, le tribunal a aussi condamné à la peine capitale Serge Mohima et Alain Mulumbi Shamavu, deux amis de la victime, accusés d'en être les commanditaires.
Mais en septembre, les tueurs présumés étaient revenus sur leurs déclarations, avaient innocenté les deux témoins, affirmant avoir subi des pressions de magistrats militaires.
Pour RSF, "il n'est pas compréhensible que les magistrats refusent obstinément d'examiner les aveux spontanés des tireurs présumés".
"Les magistrats ont systématiquement refusé que les deux accusés citent les noms des magistrats militaires qui les ont soudoyés, prétextant que cela +perturberait l'ordre du jour+ et pourrait +créer des polémiques+", souligne RSF.
De plus, depuis l'ouverture du procès en appel, le 6 février, le tribunal n'a pas fourni d'interprète, ce qui empêche les tueurs présumés, swahiliphones, de suivre les débats, qui se déroulent en français. Une situation qui "aggrave les soupçons de partialité qui pèsent sur le tribunal", selon l'ONG.
RSF rappelle que dans un rapport publié début mars, la Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a dénoncé de "graves violations du droit" en première instance et "l'absence de volonté" du tribunal de "rendre justice".