BAGDAD, 19 mai 2008 (AFP) - La condamnation à mort d'un présumé responsable de l'enlèvement de l'archevêque chaldéen de Mossoul (nord), Faraj Rahou, "n'apaisera pas la situation" en Irak, a déploré lundi un responsable du clergé irakien, qui a rappelé l'opposition de l'Eglise à la peine capitale.
Le gouvernement a annoncé dimanche la condamnation à mort par la justice irakienne d'un homme impliqué dans la mort de Mgr Rahou, enlevé fin février par des inconnus et retrouvé mort deux semaines plus tard.
"Cette condamnation n'apaisera pas la situation en Irak et ne satisfait pas les chrétiens", a déclaré à l'AFP Mgr Louis Sako, archevêque chaldéen de Kirkouk (nord), l'un des principaux responsables de cette Eglise chrétienne d'Irak.
"Comme chrétien, comme évêque, je suis contre la peine capitale", à laquelle l'Eglise catholique est opposée par principe, a rappelé Mgr Sako, interrogé par téléphone depuis Bagdad.
Les responsables catholiques irakiens "n'ont pas été informés par le gouvernement, a-t-il également regretté. Nous avons appris cette information par la télévision".
"Le communiqué du gouvernement ne donnait que très peu de détails. Nous ignorons tout des responsables, comme des raisons, politiques, religieuses ou criminelles, de cet enlèvement", a déploré le prélat.
Ahmed Ali Ahmed, plus connu sous le nom d'Abou Omar, a été condamné par la Cour criminelle pour son implication dans le meurtre de l'archevêque chaldéen de Mossoul, selon le gouvernement.
Il serait "l'un des chefs de la branche irakienne d'Al-Qaïda, déjà recherché par la justice pour sa responsabilité dans de nombreux crimes commis contre le peuple irakien", ont affirmé les autorités, ne donnant aucune autre précision. L'ambassade américaine à Bagdad s'est félicitée de cette condamnation.
Mgr Rahou avait été enlevé le 29 février à Mossoul (370 km au nord de Bagdad) par des inconnus et son cadavre retrouvé à la mi-mars, sur les indications de ses ravisseurs, abandonné dans un terrain vague.
Le corps ne portait pas de trace de balle, laissant penser à une mort naturelle, mais la mort du prélat était la conséquence directe de sa détention, selon le clergé irakien.
L'incident avait suscité la réprobation internationale et avait été condamné par le Pape Benoît XVI, le président américain George W. Bush et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki.
Mgr Rahou est le plus haut dignitaire catholique à avoir trouvé la mort en Irak dans des circonstances violentes.
Les chrétiens d'Irak sont régulièrement les cibles de violences, enlèvements, meurtres et attentats à la bombe contre des églises, commis par des insurgés, chiites comme sunnites.
Les Chaldéens, des catholiques de rite oriental, constituent la principale communauté chrétienne du pays, et l'une des plus anciennes Eglises chrétiennes.