Téhéran - L'association iranienne de défense des droits de l'Homme dirigée par la lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a vivement condamné samedi une proposition de loi qui étend la peine de mort à des délits sur Internet.
«Si ce projet est adopté, il y aura davantage de violations de la liberté de la presse et (...) les exécutions seront en augmentation», indique le Centre de défense des droits de l'Homme dans un communiqué.
Début juillet, lors d'un examen en première lecture de la proposition de loi, les députés avaient jugé prioritaire son étude qui devrait avoir lieu dans les prochaines semaines.
Dans ce projet, «la création de blogs et de sites Internet faisant la promotion de la corruption et de l'apostasie est considérée comme punissable de mort de la même façon que des crimes comme le viol ou le vol à main armé», indique l'association.
«Il reviendra au tribunal de juger s'il s'agit de corruption ou d'apostasie et cela mettra en péril les vies de ceux qui ne sont coupables que d'écrire», a-t-elle ajouté.
Le texte présente une liste de crimes déjà punis par la peine capitale, comme le viol, le vol à main armée, la création de réseaux de prostitution, le trafic et l'enlèvement d'êtres humains pour abus sexuel.
Il ajoute que «la création de blogs et de sites Internet faisant la promotion de la corruption, de la prostitution et de l'apostasie» sont également passibles de mort.
Si le texte est adopté, il a encore besoin de l'aval du Conseil des gardiens, un organe conservateur, pour entrer en vigueur.
Les autorités iraniennes contrôlent étroitement l'usage de l'Internet en filtrant des milliers de sites à caractère sexuel et pornographique mais aussi des sites politiques ou d'autres jugés comme insultant les valeurs religieuses.
L'Iran fait également partie des pays où les jeunes utilisent largement les blogs, parlant de leur vie privée mais aussi critiquant le régime politique.
Les groupes de défense de droits de l'Homme demandent régulièrement à l'Iran de limiter l'usage de la peine de mort.
Au total, 317 personnes ont été exécutées en 2007, contre 177 en 2006, selon Amnesty international.
Depuis le début de l'année, quelque 114 personnes ont été exécutées en Iran, selon un décompte de l'AFP établi à partir d'informations de presse.
Mme Ebadi, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 2003 pour son rôle dans la promotion des droits de la femme et de l'enfant en Iran, est une avocate qui a défendu ces dernières années des clients dans des affaires sensibles des droits de l'Homme.