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Soudan: 22 personnes condamnées à mort après une attaque rebelle

dépêche de presse du 31 juillet 2008 - Agence mondiale d'information - AFP
Pays :
peine de mort / Soudan
Thèmes :
KHARTOUM (AFP) — Vingt-deux personnes ont été condamnées à mort jeudi au Soudan après avoir été reconnues coupables d'implication dans une attaque rebelle contre Khartoum en mai, qui avait fait plus de 220 morts.

Les jugements, rendus par deux des tribunaux spéciaux créés pour juger les personnes arrêtées dans la rafle ayant suivi l'assaut rebelle, portent à 30 le nombre de membres présumés du Mouvement pour la Justice et l'Egalité (JEM) à avoir été condamnés à mort depuis mardi.

"Le tribunal a condamné à mort l'ensemble des 12 accusés", a indiqué à l'AFP l'un des avocats de la défense, Adam Bakr Hassab, qui se trouvait au tribunal spécial de Omdurman, la ville jumelle de Khartoum.

M. Hassab a affirmé que l'un des condamnés à mort avait seulement 16 ans --ce qui est illégal au Soudan-- car d'après lui, le juge est convaincu que le jeune homme a menti sur son âge.

"Le juge les a reconnus coupables et leur a donnés une semaine pour faire appel", a-t-il ajouté.

"Ce n'est pas juste, parce que nous sommes déjà à la fin de la semaine. Nous avons ensuite deux jours de week-end. Nous n'avons donc que cinq jours pour faire appel", a-t-il dit.

Dans l'autre tribunal, situé à Khartoum-nord, le juge Oussama Osmane a condamné 10 personnes à mort en vertu de la loi antiterroriste soudanaise et du droit pénal, décidant également de déférer trois autres suspects devant un tribunal pour enfants.

"Je vous condamne à mort par pendaison. Vous avez le droit de faire appel dans les 15 jours", a-t-il dit aux accusés.

Ces derniers, âgés de 18 à 25 ans, ont accueilli la sentence par des "Allahou Akbar", "Dieu est plus grand" et l'un de leurs avocats, Saleh Balila, a dit qu'il ferait appel.

Les avocats de la défense estiment que ces tribunaux spéciaux sont anticonstitutionnels et ne garantissent pas les droits de leurs clients.

Mardi, huit hommes avaient été condamnés à la pendaison pour appartenance au JEM.

Pour être appliqué, le verdict doit encore être ratifié par une cour d'appel puis par la plus haute juridiction soudanaise, avant d'être signé par le président Omar el-Béchir.

Les rebelles du JEM, le plus puissant militairement des groupes rebelles du Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003, avaient lancé le 10 mai une attaque sur Omdurman avec pour objectif de marcher sur la capitale. Ils avaient été repoussés par les forces gouvernementales à l'issue de violents combats.

Le conflit au Darfour, où s'affrontent forces gouvernementales appuyées par des milices arabes et mouvements rebelles, a fait jusqu'à 300.000 morts, selon l'ONU, quelque 10.000 selon Khartoum.

Parmi les dizaines de personnes arrêtées après l'attaque figure Abdel Aziz Achour, l'un des dirigeants du JEM et le beau-frère du principal leader du mouvement rebelle, Khalil Ibrahim. M. Achour n'a pas encore été condamné.

Khartoum a offert une récompense de 250.000 dollars contre des informations sur la localisation de Khalil Ibrahim, ou sa capture.

Le président Béchir, menacé d'un mandat d'arrêt international par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a récemment ordonné la libération de 89 enfants rebelles arrêtés après l'assaut.
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