KHARTOUM - Un tribunal soudanais a condamné à mort mardi huit hommes reconnus coupables d'appartenir à la rébellion du Darfour et impliqués dans une attaque sur Khartoum en mai qui avait fait plus de 220 morts.
Le juge Moutassim Mohamed Salah a condamné à la pendaison les huit hommes pour appartenance au groupe rebelle du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM), peine requise par la loi antiterroriste. Il a acquitté un autre homme alors qu'un dernier devra être rejugé par un tribunal spécial pour enfants, a constaté un correspondant de l'AFP.
Pour être effectif, le verdict doit encore être approuvé par une cour d'appel puis par la plus haute juridiction soudanaise, avant d'être signé par le président Omar el-Béchir.
La justice soudanaise a mis en place des tribunaux spéciaux à Khartoum, à Khartoum-nord et à Omdurman, pour juger des dizaines de suspects arrêtés après l'attaque. Parmi eux figure Abdel Aziz Acher, l'un des dirigeants du JEM et beau-frère du principal leader du mouvement rebelle, Khalil Ibrahim.
Kamal Omar, l'un des avocats des accusés, a annoncé qu'il allait faire appel, qualifiant ces tribunaux spéciaux de "politiques" et "pas indépendants".
Ces cours spéciales sont "inconstitutionnelles car la constitution soudanaise donne le droit aux citoyens d'être jugés de manière normale", a-t-il affirmé à l'AFP.
Les rebelles du JEM, le plus puissant militairement des groupes rebelles du Darfour, région de l'ouest du Soudan en guerre civile depuis 2003, avaient lancé le 10 mai une attaque sur Omdurman, ville jumelle de Khartoum, avec l'objectif de marcher sur la capitale. Ils avaient été repoussés par les forces gouvernementales à l'issue de violents combats.
Le président Béchir, menacé de mandat d'arrêt par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), avait ordonné le 23 juillet la libération de 89 enfants rebelles arrêtés après l'attaque.
A la suite de l'assaut contre Omdurman, Khartoum s'est lancé dans une traque de responsables rebelles du Darfour, et a offert une récompense de 250.000 dollars contre des informations sur la localisation de Khalil Ibrahim, ou sa capture.
Le Darfour, province de l'ouest du Soudan, est ravagé depuis cinq ans par un conflit qui a fait près de 200.000 morts, selon des organisations internationales. Khartoum conteste ce bilan et chiffre le nombre des victimes à quelque 9.000.