TEHERAN (AFP) - La peine de mort est toujours pendante au-dessus de l'intellectuel iranien Hachem Aghajari même si la cour suprême vient de casser sa condamnation pour blasphème, a indiqué lundi le porte-parole de l'autorité judiciaire Gholamhossein Elham cité par l'agence officielle Irna.
Hachem Aghajari sera rejugé par le même tribunal qui l'a condamné à la pendaison le 6 novembre et rien n'interdit que le juge prononce à nouveau la peine capitale, a indiqué Gholamhossein Elham.
Sa condamnation à mort a été cassée par la cour suprême en raison de vices de forme dans l'enquête, a expliqué Gholamhossein Elham selon l'agence officielle.
La loi iranienne stipule dans un tel cas que "c'est le même tribunal (...) qui doit corriger les vices de la procédure et prononcer un nouveau jugement", a dit le porte-parole, récemment nommé et réputé faire partie des durs parmi les conservateurs.
"Il est possible que le nouveau jugement confirme le premier ou qu'il y ait un nouveau jugement", a-t-il ajouté.
Intellectuel et combattant de la première heure de la Révolution islamique, M. Aghajari, un universitaire, a été condamné par un tribunal de Hamedan pour avoir plaidé publiquement pour un "protestantisme de l'islam" et affirmé que les musulmans n'avaient pas à "suivre aveuglément (...) un chef religieux".
Ce verdict avait soulevé une vague de protestations jusque chez les conservateurs, dont la justice est pourtant l'un des bastions.
Les étudiants avaient manifesté plusieurs jours d'affilée et les accents de plus en plus politiques pris par leurs protestations avaient accentué une tension politique déjà forte. Deux projets de loi déposés à la fin de l'été par le président réformateur Mohammad Khatami et contestant l'emprise des conservateurs sur le pouvoir avaient envenimé la confrontation politique.
Ces deux textes sont aujourd'hui entre les mains du parlement. Les deux camps paraissent observer une trêve.
Mais à l'époque, le 17 novembre, le Guide suprême Ali Khamenei avait lui-même ordonné la révision du dossier pour désamorcer la crise. La justice n'avait pas obtempéré immédiatement et s'en était remise à l'appel interjeté juste avant la date butoir par l'avocat du condamné.
L'un des juges de la cour a ainsi annoncé vendredi que le verdict était cassé.
Cependant, a précisé Gholamhossein Elham, la décision de la cour suprême porte seulement sur la condamnation à mort. Le reste du jugement, également frappé d'appel par l'avocat de M. Aghajari, viendra devant une cour d'appel de la même province de Hamedan, a indiqué Gholamhossein Elham.
M. Aghajari avait été condamné à la pendaison, 74 coups de fouet, huit années de prison dans des villes du désert et dix ans de privation du droit d'enseigner.
La cour suprême a arbitré alors que le climat était à l'apaisement entre conservateurs et réformateurs. En effet, la tension politique est suspendue aux interrogations suscitées par la question irakienne et le sort des deux projets de loi du président. Par ailleurs, l'Union européenne, avec laquelle l'Iran vient d'engager un dialogue politique et commercial, suit avec attention l'affaire Aghajari.
Les observateurs, susceptibles de se demander dans quelle mesure les propos du porte-parole de l'autorité judiciaire pourraient remettre en cause cette trêve, jugeaient jusqu'alors peu probable que la peine de mort soit finalement mise à exécution.
Le prédécesseur de Gholamhossein Elham avait démissionné à la fin de l'année dernière parce qu'il refusait que la justice se répande sur la place publique dans la controverse Aghajari.