MOGADISCIO - Un tribunal somalien a condamné à mort samedi trois hommes pour avoir enlevé un Britannique employé d'une compagnie pétrolière canadienne dans la région semi-autonome du Puntland (nord), a annoncé le président de la Cour suprême de la région.
"Les trois prévenus ont été condamnés à mort après été convaincus d'enlèvement" a déclaré Mohamed Abdi Aware depuis la ville de Bosasso.
Un quatrième suspect a été condamné par contumace à 15 ans de prison pour avoir aidé les trois autres à enlever mercredi dernier Carl Fletcher, employé de la Africa Oil Corporation.
Fletcher avait été libéré par les forces de l'ordre quelques heures après son enlèvement.
Les exécutions au Puntland ont lieu par armes à feu.
Fletcher avait été libéré sain et sauf lors d'une intervention armée du service de sécurité de sa compagnie.
"Les personnels de sécurité du champ d'exploration ont attaqué les ravisseurs à environ 70 km du lieu de l'enlèvement", avait affirmé mercredi le ministre des Mines de la région, Hassan Alore.
"Ils sont parvenus à libérer l'otage lors de ce raid où un des ravisseurs a été tué, un autre blessé et deux autres arrêtés", avait-il ajouté.
Carl Fletcher avait été enlevé dans un village près de Bosasso, la capitale économique du Puntland, à environ 900 km au nord de Mogadiscio.
Africa Oil Corporation dispose de permis d'exploration au Puntland.
Selon des habitants de Bosasso, l'employé avait été enlevé par ses deux gardes du corps. "C'est une affaire interne. Les ravisseurs sont des employés d'Africa Oil. Ils l'ont emmené dans les montagnes" proches de la ville, avait raconté à l'AFP Mohamed Hassan Osman, commerçant de Bosasso.
"La plupart d'entre nous connaissions les deux gardes du corps comme des gens bien. Ils voulaient devenir riches, c'est comme la piraterie", avait-il ajouté.
Un employé local de la compagnie a confirmé sous couvert d'anonymat cette version de l'enlèvement.
"J'espère que l'affaire se réglera pacifiquement mais nos collègues sont motivés par l'appât du gain et ils vont peut-être demander une rançon", avait-il commenté.
Les enlèvements d'étrangers et de membres d'organisations humanitaires, y compris somaliens, ont augmenté de façon inquiétante ces derniers mois en Somalie, pays qui a sombré dans le chaos depuis le début d'une guerre civile en 1991.
Les ravisseurs exigent généralement des rançons pour libérer leurs otages, à l'instar des pirates somaliens qui multiplient depuis début 2008 les attaques de navires au large des côtes de Somalie.
Ce pays pauvre de la Corne de l'Afrique ne produit pas encore de pétrole, mais les potentialités de son sous-sol laissent espérer une exploitation pétrolière.
Avant 1991 et la chute du dictateur somalien Mohamed Siad Barre, la Somalie située en face de la péninsule arabique avait attiré plusieurs compagnies pétrolières étrangères.
Des sociétés comme la compagnie américaine Chevron et la britannique Amoco, fusionnée en 1998 avec BP, avaient obtenu des concessions dans la région du Puntland mais l'exploration avait été interrompue par le conflit.
Le Puntland a été fondé en juillet 1998 par Abdullahi Yusuf Ahmed, devenu depuis président des institutions de transition somaliennes.