Le nombre d'exécutions est en nette augmentation en Arabie saoudite, où les condamnés à mort sont souvent les plus pauvres, a accusé mardi Amnesty International.
Le gouvernement saoudien "continue d'exécuter en moyenne plus de deux personnes par semaine", écrit l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à Londres dans un rapport. La plupart d'entre elles sont des ressortissants étrangers de pays pauvres ou en voie de développement.
"Nous avions espéré que les initiatives en faveur des droits de l'Homme lancées par les autorités saoudiennes ces récentes années aboutiraient à mettre un terme ou du moins à réduire de manière significative le recours à la peine de mort", indique Malcolm Smart, chef du programme d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord.
Mais "en réalité, nous avons assisté à une forte augmentation des exécutions de prisonniers condamnés lors de procès injustes et à huis clos, ce qui fait qu'un moratoire est plus urgent que jamais", dit-il.
"La peine de mort est mise en oeuvre de manière disproportionnée et discriminatoire contre les travailleurs étrangers sur des fondements liés à l'origine ou à l'ethnie, ainsi que contre les ressortissants saoudiens dépourvus des contacts (...) qui heureusement permettent à d'autres d'échapper à la peine de mort", ajoute M. Smart.
Amnesty ajoute qu'elle n'a pas été en mesure de se rendre en Arabie saoudite pour enquêter.
Selon l'organisation, il y a eu une forte augmentation du nombre d'exécutions en 2007, avec au moins 158 personnes exécutées.
Elle a compté 71 exécutions cette année jusqu'à fin août.
Selon un bilan établi par l'AFP sur la base de communiqués officiels saoudiens, 75 personnes ont été exécutées jusqu'à présent cette année dans le royaume.
Amnesty affirme que les accusés, particulièrement les travailleurs venant de pays en développement d'Afrique ou d'Asie, n'ont pas d'avocats la plupart du temps et sont incapables de suivre les procédures durant leur procès car ils ne connaissent pas l'arabe.
"Le processus par lequel la peine de mort est imposée et mise en oeuvre est cruel, largement mystérieux et extrêmement injuste", écrit M. Smart. Les juges "ont toute liberté pour agir et peuvent condamner à mort pour des chefs d'accusation non violents ou formulés en termes vagues".
En Arabie saoudite, les condamnés sont exécutés en public par décapitation la plupart du temps. "Dans certains cas, les exécutions sont suivies de crucifixions", ajoute l'association de défense des droits de l'Homme.
Selon Amnesty, le taux d'exécution de femmes est très élevé en Arabie, qui reste également l'un des rares pays à exécuter les condamnés pour des crimes commis avant l'âge de 18 ans, en violation des conventions internationales.
M. Smart a appelé Ryad à interdire la peine de mort pour les mineurs, à faire en sorte que les procès soient équitables et à réduire les pouvoirs des juges en matière de peine capitale.
Le viol, le meurtre, l'apostasie, le vol à main armée et le trafic de drogue font partie des crimes passibles de la peine capitale dans le royaume ultraconservateur qui applique strictement la charia, ou loi islamique.