L'association de défense des médias Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé mercredi le "verdict déshonorant" rendu la veille par un tribunal de Kaboul qui a condamné à 20 ans de prison en appel un journaliste afghan accusé de blasphème.
Sayed Perwiz Kambakhsh, 23 ans, avait été condamné le 22 janvier à la peine capitale par le tribunal de Mazar-i-Sharif, dans la province de Balkh (nord de l'Afghanistan). Mardi, la cour d'appel de Kaboul a annulé cette sentence, remplacée par 20 ans de prison.
"Reporters sans frontières est scandalisée (...). La justice a de nouveau échoué dans sa mission de garantir le droit et la liberté d'expression. Cette condamnation à une peine de prison écarte certes le risque d'une exécution du jeune journaliste, mais elle trahit la dépendance dramatique de certains juges aux pressions des fondamentalistes", a estimé RSF dans un communiqué.
"L'avocat de Sayed Perwiz Kambakhsh a montré qu'il n'existait pas de preuves du délit et que les rares témoignages recueillis ne concernaient pas directement l'acte d'accusation", a souligné l'organisation.
"Son incarcération serait en réalité liée à des articles critiques écrits par son frère, le journaliste d'investigation Yaqub Ibrahimi, sur les autorités de la région de Balkh", selon RSF.
Le journaliste, membre de la minorité chiite, était employé par une publication locale, Jahan-e Naw (Nouveau Monde), tout en poursuivant des études universitaires.
Kambakhsh avait été arrêté le 27 octobre 2007 pour avoir distribué à ses camarades de l'université de Mazar-i-Sharif un article "insultant pour l'islam et interprétant de manière erronée des versets du Coran", selon l'acte de condamnation.
Il avait imprimé des articles sur une interprétation de l'islam, en particulier sur la condition des femmes, récupérés sur un blog iranien.
La constitution afghane adoptée après la chute des talibans fin 2001 repose sur la loi islamique (charia), qui requiert la peine de mort pour des actes jugés contraires à l'islam.