Le 11-Novembre sera commémoré ce mardi pour la première fois sans témoin direct de la Grande guerre alors que le dernier "poilu" Lazare Ponticelli s'est éteint en mars dernier. La célébration nationale du 90ème anniversaire de l'armistice de 1918 présidée par Nicolas Sarkozy aura lieu à Douaumont (Meuse).
Le chef de l'Etat a choisi cette année de délocaliser les commémorations du 11 novembre, normalement organisées à Paris devant la tombe du soldat inconnu. L'an passé, il avait déjà fait une entorse à la tradition en faisant un discours sous l'arc de Triomphe, à la différence de tous ses prédécesseurs qui ne s'exprimaient pas ce jour-là.
Le président de la République débutera toutefois sa journée à Paris à 9h en déposant une gerbe au pied de la statue de Georges Clémenceau avec le Premier ministre François Fillon, le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer, le ministre de la Défense Hervé Morin et le secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants Jean-Marie Bockel.
Nicolas Sarkozy rejoindra ensuite la Nécropole Nationale de Douaumont dans la Meuse vers 10h45, où à l'issue d'une courte cérémonie militaire, il fleurira une tombe. Le président de la République a souhaité que cette année l'Union européenne soit l'invitée d'honneur de ces célébrations. C'est pourquoi il sera accompagné du président de la Commission européenne José-Manuel Barroso et de Hans-Gert Pöttering. La chancelière allemande Angela Merkel, absente, sera remplacée par Peter Müller, récemment élu président du Bundesrat, la chambre haute du Parlement allemand.
Seront aussi présents l'héritier du trône britannique, le Prince Charles, accompagné de son épouse Camilla Parker-Bowles. La veille au soir, l'héritier du trône britannique et la duchesse de Cornouailles devaient partager un dîner privé à l'Elysée avec le président français et son épouse Carla Bruni-Sarkozy.
Parmi les autres invités de marque, figurent le Grand Duc et la Grande Duchesse du Luxembourg et la Gouverneur général d'Australie Quentin Bryce: 416.000 Australiens ont participé à la "Grande Guerre" et 60.000 d'entre eux sont morts au combat.
A 11h15, M. Sarkozy procédera en présence des chefs d'Etat étrangers au ravivage de la flamme dans l'ossuaire de Douaumont, inauguré en 1932 et qui accueille les restes des 300.000 soldats tombés à Verdun. Puis il s'exprimera, dix minutes plus tard, lors d'une cérémonie diffusée en direct sur TF1 et France-2.
Enfin le président se recueillera au cimetière allemand de Ville-devant-Chaumont et y déposera une gerbe. Dans l'après-midi, le Premier ministre François Fillon se rendra seul à Rethondes (Oise) là où fut signé l'armistice entre les belligérants. Puis à 18h, Jean-Marie Bockel ravivera la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.
Par ailleurs, à l'occasion de cette commémoration, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) "demande que la réhabilitation des fusillés pour l'exemple victimes de condamnations arbitraires des tribunaux militaires soit poursuivie".
Les historiens estiment que plus de 2.400 soldats français ont été condamnés à mort et 600 ont été effectivement fusillés pour l'exemple pour refus d'obéissance, abandon de poste ou mutilation volontaire durant le premier conflit mondial. Dans son communiqué diffusé vendredi, la LDH souhaite "que justice soit rendue à ces hommes et que leur mémoire sorte de l'oubli".
Alors que le gouvernement britannique a réhabilité en 2006 par voie législative l'ensemble des soldats anglais fusillés, les autorités françaises se sont toujours refusées à entamer une démarche similaire, et ce malgré la tentative en ce sens menée en 1998 par Lionel Jospin, alors Premier ministre. "Près d'un siècle après ces événements, les dossiers des victimes des tribunaux militaires doivent être rouverts et les historiens doivent pouvoir accéder à l'ensemble des archives du conflit", réclame l'association.